Covid-19 : «La crise sanitaire ne doit pas servir d’excuse à la libération anticipée de Hissein Habré» objectent ses victimes

«La détention de Hissein Habré ne correspond pas à la situation de risque de contamination (au Covid-19) au sein des prisons décrite par l’ONU». Ces propos émanent de l’Association des Victimes des Crimes du Régime de Hissein Habré (AVCRHH).

Ils interviennent au lendemain de la déclaration de la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, qui a appelé le 25 mars 2020 les gouvernements à prendre des mesures d’urgence pour protéger la santé des personnes en détention. Elle demande notamment à ce que des prisonniers soient libérés pour réduire le nombre de détenus, afin de réduire les risques de contagion.

Mais, dans un communiqué rendu public mercredi les victimes de l’ex homme fort de Ndjamena, amenés par leur président, Clément Abaïfouta, objectent et précisent : «L’ancien dictateur est protégé du virus. Hissein Habré est détenu seul dans une cellule, avec, comme il se doit, de bonnes conditions d’hygiène, et a accès au système de santé. Il n’est pas en contact avec d’autres détenus et ne risque donc pas d’être contaminé à cause de la promiscuité qui existe dans beaucoup de prisons. Il semble donc suffisamment protégé du virus».

Ils dénoncent le fait que depuis sa condamnation, ses soutiens réclament sa libération pour des motifs «fallacieux, comme de fausses rumeurs de maladie».

Les récentes grâces présidentielles accordées par Macky Sall, le 28 mars, n’ont pas concerné les auteurs de viols et autres crimes graves, qui, selon eux, «doivent demeurer sévèrement punis».

Hissein Habré a notamment été condamné définitivement en 2016 pour crimes contre l’humanité, torture, esclavage forcé et pratique massive d’exécutions sommaires.

«La présence de Hissein Habré en prison est donc toujours justifiée, d’autant plus qu’il continue de refuser d’indemniser ses victimes», ces dernières. Lesquelles victimes, dont beaucoup vivent dans la précarité et n’ont pas accès aux soins médicaux, rappellent que les Chambres africaines extraordinaires ont condamné Habré à verser plus de 80 milliards de francs CFA à celles et ceux qu’il a fait torturer, violer et disparaitre. «En trois ans, il n’a toujours pas versé un seul centime», dénoncent-elles.

Raymond Apéraw DIATTA

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