Sahara marocain : le Conseil de sécurité de l’ONU doit cesser d’alimenter le statu quo

Le secrétaire général des Nations unies présentera au cours du mois d’octobre le traditionnel rapport de l’institution sur le Sahara. Un rituel monotone qui se répète et entretient un certain immobilisme, regrette Ismail Daoud.

Peu de temps avant le tragique séisme qui a frappé le Maroc dans la nuit du vendredi 8 au samedi 9 septembre, une rencontre de haut niveau s’est déroulée entre Nasser Bourita, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, et Staffan de Mistura, l’émissaire spécial du Secrétaire général des Nations unies pour la question du Sahara.

Cette visite est intervenue en amont de la remise du rapport sur le Sahara que le secrétaire général des Nations unies devra présenter devant les membres du Conseil de sécurité au cours de ce mois d’octobre. Un rituel monotone qui se répète chaque année et qui prolonge le statut quo car il ne parvient pas à enclencher de processus politique effectif et ambitieux impliquant les différentes parties au conflit.

Soutiens successifs

Depuis 1991, l’ONU  tente de résoudre la question du Sahara au moyen de résolutions appelant les parties à « une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable » (Résolution du Conseil de sécurité 2654 de 2022), – sans succès. Près de cinquante ans après l’instauration du cessez-le-feu, aucune solution acceptable par les acteurs du conflit n’a été trouvée. La question s’enlise alors et se transforme en un conflit de basse intensité.

Pour le royaume chérifien qui exerce sa souveraineté sur plus de 80 % du territoire, la priorité absolue est le parachèvement de son intégrité territoriale en mettant fin au statu quo qui entoure ce conflit du Sahara. Ce processus est au cœur de la stratégie diplomatique du royaume, lequel s’efforce ainsi d’ouvrir une voie alternative : la reconnaissance progressive de sa souveraineté sur la région par les États membres de l’ONU, à titre individuel. Les soutiens successifs enregistrés ont renforcé la proposition marocaine, et Rabat s’impose comme un moteur de la relance des pourparlers sous l’égide de l’ONU.

Ces dernières années, 59 États se sont montrés favorables à la souveraineté marocaine sur le Sahara, comme les États-Unis (décembre 2020), l’Espagne (mars 2022) et l’Allemagne (août 2022). Par ailleurs, depuis 2019, 28 pays ont ouvert des représentations diplomatiques à Dakhla et Laâyoune. Parmi ces pays, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Gabon, les Émirats arabes unis, le Bahreïn ou encore le Burkina Faso. Parallèlement, le Maroc reconnaît les instances de l’ONU comme l’unique espace légitime de la résolution du conflit et comme l’entité médiatrice des négociations. Ainsi, si l’ONU n’a pas été capable d’être le moteur de la résolution de la question du Sahara, elle en sera néanmoins le théâtre.

Privilégier une solution pérenne

Il apparaît manifeste que le règlement du contentieux du Sahara requiert une approche fondamentalement réaliste et résolument pragmatique. Dans cette optique, il est impératif de transcender les émotions en privilégiant une réflexion qui s’appuie sur les faits et tient compte du contexte international. Les aspirations légitimes à la préservation de la paix et de la sécurité commandent une analyse approfondie  allant bien au-delà du seul examen des revendications séparatistes, souvent porteuses d’instabilité, qui soulèvent des questions préoccupantes tant en Europe (Catalogne, Ukraine) qu’en Afrique (la Kabylie en Algériele M23 en RDCle Tigré en Éthiopie).

Le Sahara, terre de contrastes géographiques et culturels, est devenu le théâtre d’un différend qui perdure. Le maintien de cette impasse ne saurait se justifier, en particulier  aujourd’hui où les défis mondiaux nécessitent des solutions concertées et effectives.

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Dans cette quête, l’adoption d’une approche réaliste s’érige en impératif moral et stratégique. Bien que motivés par des aspirations compréhensibles, les mouvements séparatistes ne peuvent se prévaloir d’être les vecteurs d’une paix durable et d’une sécurité pérenne. L’Histoire prouve que les séparatismes peuvent embraser les conflits, perpétuant l’instabilité et sapant les efforts en vue d’une coexistence pacifique. D’où l’importance d’un dialogue constructif visant à prévenir les déchirements et à favoriser un équilibre bénéfique à toutes les parties concernées.

Autonomie et coopération

Dans le cas du Sahara, la relance des discussions entre les parties prenantes requiert désormais des efforts plus soutenus de la part des membres du Conseil de sécurité, et en premier lieu la France – eu égard notamment à sa proximité historique avec le Maroc et l’Algérie. Les membres du Conseil de sécurité doivent cesser d’alimenter le statu quo et encourager activement la résolution pérenne du conflit en appelant l’Algérie à rejoindre la table des négociations. Les circonstances actuelles, caractérisées par une interdépendance croissante des défis sécuritaires et géopolitiques, imposent une démarche de résolution orientée vers l’avenir, avec pour piliers l’échange, l’autonomie et la coopération.

En fin de compte, la quête d’une paix véritable et d’une sécurité durable dans la région du Sahara repose sur la mise en œuvre d’une approche pragmatique et éclairée. Les aspirations des individus impliqués méritent une réponse empreinte de sagesse et de responsabilité, transcendant les clivages pour édifier un avenir où la paix et la sécurité sont les maîtres-mots.

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