Quand Kiev veut « libérer l’Afrique de l’emprise russe »

Le ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine dénonce les pratiques de Moscou sur le continent africain et décrit un rapprochement entre son pays et l’Afrique.

Même si les pays africains tentent d’assumer une position équidistante plus ou moins commune, depuis le début du conflit entre l’Ukraine et la Russie, Kiev a dû humer les effluves communicationnels de Vladimir Poutine lors du récent sommet Russie-Afrique de Saint-Pétersbourg. En promettant des céréales gratuites à six pays d’Afrique, celui qui bloqua les ports d’exportation ukrainiens a tenté de se peindre en sauveur du continent du Sud. De quoi manifestement faire perdre, à Kiev, le goût de la langue de bois.

« Emprise » obtenue par « la coercition, la corruption et la peur » : c’est ainsi que le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, vient de qualifier, dans une interview accordée à l’Agence France Presse, la politique de Moscou en Afrique. Une offensive russe qu’il dit tissée d’un flot de propagande et du mercenariat du groupe paramilitaire Wagner. Il s’étonne que le régime de Vladimir Poutine se présente comme le pourfendeur de l’« impérialisme » et du « néocolonialisme », lui qui vient pourtant de tenter d’envahir un pays souverain.

« Des mensonges »

À propos de la sécurité alimentaire de l’Afrique, le premier responsable de la diplomatie ukrainienne évoque des « mensonges » de la part de celui qui s’est retiré de l’accord qui permettait d’exporter des dizaines de millions de tonnes de grains ukrainiens par la mer Noire. Une intransigeance russe qui coûterait tout autant à « l’agriculteur ukrainien » qu’au « consommateur africain de pain ».

Loin de Dmytro Kouleba l’idée de singer la Russie pour que l’Ukraine la remplace sur le continent courtisé. Il s’agirait plutôt de « libérer l’Afrique de l’emprise russe », perspective qui s’esquisserait déjà, au dire du diplomate. Si le ministre évoque « de nombreuses années perdues » et un combat « de longue haleine » pour « faire renaître » les relations de Kiev avec le continent africain, il affirme identifier « une lente érosion des positions russes en Afrique ». Il illustre son optimisme par l’évocation de nouveaux partenariats de son pays avec le Liberia, le Kenya, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Mozambique, le Rwanda ou encore la Guinée équatoriale.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères a effectué trois tournées en Afrique, depuis l’automne dernier, et le pouvoir ukrainien recevait, en juin, une délégation de chefs d’États africains menée par le président sud-africain, Cyril Ramaphosa. Alors que s’éternise un conflit que Poutine avait rêvé blitzkrieg, les deux nations continuent donc leurs opérations de séduction en Afrique, en quête de soutiens diplomatiques, notamment sur la scène onusienne.

Jeune Afrique

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