Le Nicaragua : Une nouvelle route vers les rêves américains des sénégalais

 Dans les rues animées du Sénégal, un nom émerge de conversations murmures et de rêves chuchotés : le Nicaragua. Ce joyau caché d’Amérique centrale, autrefois méconnu pour bon nombre de Sénégalais, est désormais célébré comme le tremplin vers les États-Unis.

Dans les écoles reculées et les villages endormis comme Bakel, à l’est du Sénégal, Abdou Talla, professeur, observe une tendance émergente parmi ses élèves. « Les adultes sont partis en premier », dit-il, décrivant une communauté où l’émigration est souvent synonyme de succès. Mais ce qui était autrefois un chemin bien tracé vers l’Europe est maintenant éclipsé par cette nouvelle route vers l’Amérique, offrant des opportunités sans visa et une chance d’échapper à la pauvreté.

Sur les réseaux sociaux, des vidéos surgissent, capturant l’excitation des Sénégalais à l’aéroport de Dakar, munis simplement d’une autorisation d’entrée. Ces images, allant de montagnes escarpées à des gratte-ciel illuminés, racontent l’histoire d’une quête pour une vie meilleure, à travers des paysages variés et des défis surmontés.

Ce chemin vers l’Amérique offre une lueur d’espoir dans un monde où les routes maritimes vers l’Europe sont semées de dangers. Pour Khadim, trois refus de visa américain l’ont poussé à explorer cette voie alternative, maintenant jalonnée d’aéroports et de pays lointains, avec un coût financier élevé mais une promesse de succès.

Le prix du voyage peut atteindre jusqu’à 8 000 euros, une somme considérable pour les candidats à l’émigration, mais l’assurance de réaliser leurs rêves les pousse à franchir le pas. Hamidou, surnommé le « businessman », facilite le voyage depuis les départs, naviguant à travers les dédales des aéroports et des frontières, assurant la sécurité financière des voyageurs en transit.

Pourtant, même une fois arrivés aux États-Unis, les défis ne font que commencer. La saturation des structures d’accueil et les revers du système d’asile se dressent sur le chemin des Sénégalais en quête d’une nouvelle vie. Les histoires de réussite sont rarement racontées, alors que la réalité de l’immigration légale reste inaccessible pour beaucoup.

Malgré les défis, l’optimisme persiste. Tidiane, resté au Sénégal malgré les encouragements à partir, attend patiemment son rendez-vous avec l’ambassade américaine, rêvant de payer ses dettes de loyer en quelques mois seulement, avant d’accueillir sa famille dans la terre promise.

Le Nicaragua est devenu plus qu’un simple point sur une carte ; c’est un symbole de possibilité et de détermination. Pour les Sénégalais, il représente l’espoir d’une nouvelle vie, où les rêves deviennent réalité, un pas à la fois.

Paule Kadja TRAORE avec le Monde

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