« Crimes d’honneur » LA SOCIÉTÉ A LA BARRE

Fatou Mactar Ndiaye, tuée par son chauffeur qui voulait de l’argent pour se marier

C’était il y a plus 6 ans. Le 19 novembre 2016. Fatoumata Moctar Ndiaye, vice-présidente du Conseil économique social et environnemental (Cese) et responsable politique dans la ville de Pikine, avait été égorgée dans sa chambre et son fils blessé au couteau. Et le principal suspect fut son propre chauffeur, un certain Samba Sow. Un crime dont le mobile serait financier. Le présumé meurtrier, poursuivi pour assassinat, voulait en fait voler l’argent de sa patronne, car il devait se marier la semaine qui a suivi les faits. Mais mal lui en a pris car il a été démasqué sur le feu de l’action. Sachant que les carottes étaient déjà cuites pour lui, il a préféré utiliser la violence.

Marème Diagne poignardée à mort à Thiès par son amant pour une affaire d’argent

Marème Diagne, âgée de 25 ans, avait été tuée à coups de couteau dans son domicile, à Thiès, par son ex-copain qui lui réclamait son argent, à hauteur de 2,3 millions de francs. C’était en Mars 2020. La défunte, Marème et son bourreau, Assane Guèye, qui étaient amoureux, avaient un projet de mariage très avancé.

Et depuis le Maroc, ce dernier envoyait régulièrement ses économies à Marème, à charge pour cette dernière de les lui garder. Mais elle a dilapidé l’argent. Pis, elle s’est mariée avec un autre. Et après lui avoir réclamé son argent en vain, Assane Guèye est passé à l’acte.

Kiné Gaye, assassinée par son collègue qui voulait baptiser son enfant

Il y’a aussi le récent assassinat de la dame Fatou Kiné Gaye, tuée ce vendredi 21 mai 2022 à Pikine rue 10. Un crime odieux dont le présumé coupable, n’est personne d’autre que son collègue de travail, Khassim Ba, qui était le superviseur qui lui amenait l’argent nécessaire pour ses transactions. Poussant leurs investigations, les policiers découvrent que c’est l’argent, le mobile du crime.

En effet, Khassim devait baptiser son fils ce dimanche 22 mai 2022 et sa femme lui mettait la pression, jusqu’au jour du drame. Ce qui, selon lui, lui avait valu de tuer la dame qui avait refusé de lui donner de l’argent dans la caisse.

Benoit Tine, criminologue, sociologue
« Il y a une part de responsabilité de la société »

« Les personnes qui tuent seraient assujetties à la pression sociale au Sénégal ». Tel est l’avis du criminologue et sociologue Benoit Tine, saisi hier par nos soins sur la question des crimes enregistrés la semaine dernière.

Interpellé sur ce qui pousserait ces individus à commettre des meurtres, le sociologue explique que « ce sont des hallucinations auditives, visuelles qui les poussent à attenter à la vie de quelqu’un ». Et selon lui, l’exemple de la dame tuée par son collaborateur à Pikine, en est une parfaite illustration.

En analysant la situation, Benoit Tine indique que le dénominateur commun, c’est la société. « Si les délinquants parviennent à faire ces actes de délinquance, c’est parce qu’il y’a une part de responsabilité de la société. Soit c’est une société malade et par conséquent, il ne faudrait pas s’étonner que ces individus-là, soient des malades qui portent en eux la société et donc agissent en conséquence », a-t-il fait savoir. Le criminologue de poursuivre : « avec cette pression sociale, l’individu essaie de tout faire pour satisfaire la société. C’est le poids des apparences ».

En guise de solutions, le sociologue préconise l’éducation mais, s’interroge-t-il, « qui doit éduquer ? ». Selon lui, « la sphère privée qui était occupée par la femme est aujourd’hui sortie de la sphère privée, pour aller vers la sphère publique, afin de participer comme l’homme, à la vie économique de la société ». Et du coup, dit-il, « ce sont les femmes de ménage qui gèrent les enfants, laissés à eux-mêmes. Mais il faudra comme l’organisation sociale, trouver des suppléants ou bien des solutions alternatives pour pouvoir continuer à éduquer les enfants comme cela se faisait avant ».

De l’avis du criminologue, « l’éducation nationale doit avoir une part de responsabilité, un droit de regard sur ce que les enfants apprennent à l’école. L’école n’est plus une instance d’instruction mais d’éducation. L’enseignant ne doit plus être un instituteur tout court, mais un éducateur ». Selon lui, il est impératif de remembrer les liens sociaux parce que « l’État a quelque part démissionné, de même que la famille ». Malgré les cas récurrents de ces meurtres, l’indice de criminologie demeure faible (2%), selon M. Tine.

Emediasn

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