Cheikh Tidiane Gadio : «Ce qui me dérange dans le dialogue»

«L’absence de conversation nationale sur le Sénégal, sur l’Afrique nous a menés vers l’impasse. Et quand on décide de dialoguer, on circonscrit le dialogue à la question politique. Le danger, c’est que nous avons fait des hommes et des femmes politiques dans ce pays qui croient que le monde tourne autour d’eux. Et la classe politique sénégalaise est dans un naufrage profond. Pour cette raison, elle a beaucoup plus  le devoir d’écoute. S’ils n’écoutent pas les citoyens, ils vont aller dialoguer pour quoi ? Alors que si on avait fait un dialogue national, le désarroi de la jeunesse sénégalaise, la gravité de la situation de l’agriculture, de l’éducation, de la santé, c’est des questions extrêmement importantes».
 
Ce sont là les interrogations de Cheikh Tidiane Gadio devant le « Jury du dimanche » sur iRadio. «Ce qui me gênerait moi, c’est que le dialogue soit une réaction à une crise qui est là, larvée, une crise extrêmement grave qui touche à l’identité de notre pays et à notre peuple. Une crise qui a fait du Sénégal un peuple méconnaissable. Si on fait le dialogue avec l’objectif principal de résoudre les problèmes internes de la classe politique, si c’est cela c’est un dialogue pas national, mais un dialogue entre les politiciens. Or, le dialogue que nous voulons, c’est le dialogue sur les fondamentaux de la République du Sénégal», dit-il.
 
 
Pour lui, tout tourne autour du pouvoir Exécutif. Nous avons des constitutions monarchiques dans une République. «L’hyperprésidentialisme a fait mal partout dans le monde et aujourd’hui, il fait très mal au Sénégal. Il faut l’arrêter. Il faut que le Sénégal ait le courage d’un virage très fort vers un système de partage du pouvoir et des gestions concertées du pouvoir. On doit arriver à faire réfléchir le président deux fois avant de prendre une décision. Mais dans notre système, il n’y a pas de contre-pouvoir qui dit non au président de la République», dénonce l’ancien ministre.
 
«La crise est nationale. Tous les partis doivent prendre part au dialogue. Une seule partie qui boycotte peut handicaper le dialogue. Et ce serait malheureux pour des considérations personnelles ou des questions de stratégie politique que certains discréditent le dialogue avant même qu’il ne se tienne. Ce que nous souhaitons encore une fois, c’est du sérieux. C’est le Sénégal, son futur et son destin qui sont en jeu et beaucoup ne semblent pas le comprendre. Est-ce que la classe politique se rend compte que les Sénégalais ont peur ? Est-ce qu’elle se rend compte que les Sénégalais dorment mal ? Ils sont dans la prédiction des scénarios catastrophes et il faut que la classe politique arrête», conclut-il.
 
 
 

 

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