« Ukraine, inflation et CFA : et si Abdoul Mbaye avait raison » (Par Thierno Diop)

L’Egypte, le Madagascar, la Namibie et le Sénégal ( Inflation à 6,5 %) sont les principaux pays africains qui pourront être les plus impactés par la crise entre la Russie et l’Ukraine, selon les données de la société suisse Trade Data Monitor. 1/ 3 du blé consommé sur le continent provient de ces deux pays.

Cependant, selon les chiffres de la Banque mondiale, les pays de la Zone CFA sont moins touchés par la poussée inflationniste causée par plusieurs facteurs dont le Covid-19 et la guerre en Ukraine. En matière d’inflation, le Soudan vient en tête (260 %), suivi du Zimbabwe -66%), Ethiopie (34%), Angola (27 %).
Le seul pays de la zone CFA à présenter une inflation à deux chiffres est le Burkina Faso (10%).
Le Nigéria qui a fait reporter le lancement de la nouvelle monnaie commune ouest-africaine est à un taux d’inflation de 16%.

Cela pose encore le problème de la convergence, alors que l’on souhaite, d’ici 2027, faire converger tous les pays avant le lancement de la nouvelle monnaie.
En juin 2021, en pleine polémique sur l’Eco, le Nigéria avait 10% d’inflation. A l’époque, dans la zone UEMOA, l’inflation était sous la barre des 2 %.
Cette fébrilité des pays d’Afrique de l’Ouest non couverts par le CFA semble donner raison à l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye.

Ce dernier, en pleine polémique sur l’Eco, avait salué cette réforme sur les ondes de RFI, suscitant une levée de boucliers des pseudo-nationalistes qui nourrissent une vision romantique des questions économiques. «Il est important de bien noter que des précisions ont été données par le Président Alassane Ouattara, notamment sur le maintien de la parité fixe. Il y a également maintien d’une garantie de convertibilité par la France. Donc, ce qui faisait la stabilité du franc Cfa est maintenu », indiquait M. Mbaye.

« Déposer ces réserves dans un compte d’opération ne veut pas dire en perdre le contrôle ou la propriété. Il faut voir ce compte d’opération comme ayant été une contrepartie de la garantie de convertibilité que la France accordait au franc Cfa. Cette contrepartie disparait, mais la convertibilité reste», avait martelé le premier chef de gouvernement de l’ère Macky Sall.

« Restons sur notre monnaie actuelle, le Cfa qui marche bien et qu’il ne faut pas affaiblir. A trop s’interroger sur le futur d’une monnaie, on crée de la suspicion et l’amène à se réduire en valeur. Demain l’Eco pourra être une continuité du Cfa pour les pays de l’Uemoa, pourquoi pas? Ce sera une étape intermédiaire mais qui normalement ne devrait pas changer grand-chose à l’existant », avait encore déclaré l’ancien Premier ministre du Sénégal, ancien économiste principal à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).

Par Thierno Diop, journaliste

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