Série de morts e détention: FRANÇOIS MANCABOU RALLONGE LA LISTE

La mort en détention de François Mancabou suscite une vive polémique dans le pays. Une mort « suspecte », obligeant des organisations de droits humains, qui redoutent un cas de torture, à réclamer justice. Mais un regard récent dans le rétroviseur de la vie carcérale, prouve que cette affaire est loin d’être un cas isolé. Des décès en détention au cours de l’histoire et au cœur de l’actualité, il n’en manque pas au Sénégal.

Ce sont des histoires tragiques où plusieurs versions s’affrontent. Elles poussent les défenseurs des droits humains à qualifier nos prisons de « mouroirs ». La mort en détention de François Mancabou, présumé membre de la « Force spéciale », relance un sujet à polémique : les supposées bavures policières. Chaque cas répond à un contexte précis mais renvoie à un point de départ presque identique. Une histoire d’arrestation suivie d’une autopsie contestée. Un coup d’œil récent permet de s’en rendre compte aisément.

L’affaire Cheikh Niass reste une plaie béante à Guédiawaye. De retour au pays pour les besoins du Magal de Touba, l’émigré a été interpellé le 23 septembre 2021 après une alternation avec un policier. Le grief contre lui à l’instant T : défaut de carte grise et d’assurance. Un contrôle et puis un échange musclé entre les deux qui ont valu à Cheikh Niass d’être placé en garde à vue au commissariat de Wakhinane-Nimzatt. Au terme de celle-ci, le père de famille âgé de 39 ans a été déféré, envoyé à la prison de Cap manuel. Les charges qui pèsent sur lui : outrage à agent, collecte illicite de données à caractère personnel pour avoir filmé le policier et non- présentation de pièces afférentes à la conduite et à la propriété d’un véhicule automobile. Un séjour carcéral de courte durée puisqu’il décède le 28 septembre 2021 aux urgences de l’hôpital Le Dantec.

Deux autopsies et des contestations

Les premières réactions après l’annonce de la mort de François Mancabou font penser au tollé qu’a suscité le décès de Cheikh Niass. Amnesty International/Sénégal, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho) ou Frapp/France dégage se tiennent aux cotés de la famille pour réclamer une enquête indépendante. La décision de la hiérarchie de relever de ses fonctions le commissaire de la police de Whakhinane Nimzatt, Ahmet Béchir Ndiaye, n’étanchera pas leur soif de justice. D’autant plus que les proches du défunt et les organisations ne croient pas à la thèse d’une mort naturelle. Une seconde autopsie pratiquée sur le corps de l’émigré établit un décès dû à une hyperglycémie consécutive au covid-19. Cheikh Niass sera finalement inhumé le 9 octobre 2021 au cimetière musulman de cambérène, laissant derrière lui des zones d’ombre.

Un cas loin d’être isolé puisque 3 mois plutôt, la police était encore obligée s’expliquer sur la mort d’un détenu. Encore plus rocambolesque. Abdou Faye, un des complices du célèbre prisonnier, Boy Djiné, se serait suicidé dans les locaux du commissariat central de Dakar. Là également, les explications de la police peinent à convaincre les proches et les militants des droits de l’Homme. Ils dénoncent un drame qui rallonge la liste d’individus morts en détention. Un contexte qui n’exclut pas un autre et qui date de 2019.

La mort de deux détenus dans la nuit du 27 au 28 août « à la suite d’étincelles produites par un ventilateur dans une chambre à Rebeuss », selon un communiqué de l’administration pénitentiaire. Amnesty Sénégal était montée au créneau pour regretter leurs décès et déplorer les conditions de détention au Sénégal. Au-delà de ces cas précités, aux configurations différentes, la mémoire sélective des anciens préfère sans doute se souvenir d’Omar Blondin Diop. « Jeune militant révolutionnaire » mort en détention le 11 mai 1973 à l’île de Gorée. Autant d’affaires qui méritent la lumière mais souvent frappées par l’obscurité qui règne dans les lieux de détention.

Emediasn

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