« Que la mer vous soit légère » : L’hommage d’un bédéiste suisse aux naufragés du « Joola »

C’est l’un des plus terribles naufrages du XXIe siècle. Dans la nuit du 26 septembre 2002, « Le Joola », ferry qui reliait la ville de Ziguinchor à Dakar la capitale du Sénégal, sombrait dans l’océan avec plus de 2 000 personnes à son bord. Un drame national, puisqu’il n’y a eu que 64 survivants. Parmi les victimes, il y avait un ami d’enfance de Stefano Boroni, un bédéiste suisse.
 
Ce dernier, touché par la perte de ce proche âgé de 27 ans à l’époque et de toutes les autres  personnes décédées, a réalisé une bande dessinée (BD). « Que la mer vous soit légère » est l’intitulé de l’œuvre publiée ce mois de février. 
 
En effet, le bateau n’a pas été remonté à la surface et plusieurs corps n’ont jamais été retrouvés.
 
« Je voulais leur transmettre de la douceur, beaucoup d’affection »
 
Ils reposent là-bas au fond de l’océan. Dans sa BD, Stefano Boroni adoucit le drame et raconte la vie après la mort. « Je savais que je ne pouvais pas dessiner le bateau, ni les morts. C’était impossible. Je ne les ai donc pas reproduits, mais ils sont bien présents dans le livre qui leur est dédié : les noms des 2 000 disparus sont mentionnés dans les dernières pages. Je voulais leur transmettre de la douceur, beaucoup d’affection. Pour cela, j’ai raconté ce drame à l’aide de personnages fictifs qui se retrouvent sous l’eau après le naufrage… J’avais envie de raconter la vie après la mort. Et aussi de réaliser un travail de mémoire, pour laisser une trace dans l’histoire », a-t-il déclaré à « 24 heures.ch ». 
 
Même dans la fiction, le dessinateur ne manque pas d’évoquer l’apathie des services de secours à l’époque. 
 
En effet, on retrouve dans la bande dessinée des personnages comme la voyante, le  footballeur, le professeur ou encore le capitaine qui ne comprennent pas ce qui leur arrive.
 
« Il n’y avait plus grand monde à sauver »
 
Ils se demandent pourquoi les secours prennent autant de temps. Boroni rappelle que le bateau s’est renversé dans la nuit à « environ 40 km des côtes gambiennes. Les pêcheurs locaux sont les premiers à être arrivés sur place, à l’aube. Les secours officiels ont suivi plus tard dans la journée. Mais il n’y avait plus grand monde à sauver.
 
Le dessinateur suisse compte reverser une partie des ventes de la BD à l’Association nationale des familles des victimes et rescapés du « Joola ». Il se réjouit par ailleurs que son œuvre ait pu intéresser les autorités sénégalaises. 
 
En effet, selon ses dires, le ministère sénégalais de la Culture et du Patrimoine historique lui a envoyé un courriel officiel pour le féliciter.
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