Les grands oubliés du paysage musical IBRAHIMA SYLLA SYLLART

La musique c’est plusieurs maillons qui s’entrent-croches pour constituer une chaîne.
Il y a les musiciens, les chanteurs, les réalisateurs, les techniciens, les paroliers, les diffuseurs etc.. mais aussi LES PRODUCTEURS.
Au Sénégal nous avions bcp d’investisseurs, de mécènes et des commerçants dans le domaine de la musique mais il manquait cette touche qui en faisait une activité professionnelle. Aujourd’hui encore le gap est très loin d’être comblé. Il ya certes la volonté d’en faire une industrie conquérante malheureusement peu sont ceux qui comprennent l’impact sociale et les enjeux économiques la musique et ce que cela peut générer.
Quelques agences de productions se battent encore dans un environnement hypothétique avec l’absence de structures de diffusion, de promotions encore moins de distributions.
Il est donc pour moi important de raviver les souvenirs de ces grands hommes inconnus du grand public et pourtant qui ont donné crédits à notre musique.
Parmis eux Ibrahima Sylla.
Ibrahima Sylla est né en 1956.
Il est le fondateur en 1978 de Syllart Records qui est un label de musiques africaines et afro-latines basé à Paris
Ce label commercialise catalogue de musiques africaines en recouvrant une période des années 1960 jusqu’à aujourd’hui.
En 30 ans, les nombreuses productions Syllart ont contribué à la découverte d’artistes africains sur la scène internationale tel que Omar Pene, Ismael Lô, Salif Keita, Youssou N’Dour, Sékouba Bambino ou encore Babaa Maal.
En parallèle de ses productions, le label a acquis et reconstitué des catalogues historiques de musiques africaines produites entre les années 1960 et 80.
L’aventure Syllart démarre à l’initiative de Ibrahima Sylla passionné de musiques cubaines qui s’installe à Paris en 1974 en tant que jeune étudiant.
Sa passion pour la musique prend rapidement le dessus sur ses études de droit à Tolbiac et en 1978, Ibrahima Sylla ouvre rue de Rocroy Kubaney Music un petit magasin de disque, lieu de rencontres de la jeune diaspora africaine qui devient très vite le laboratoire de ses futures productions.
De retour à Dakar, en 1978, il monte son premier label sous le nom de « Jambaar » (guerriers en wolof) qui deviendra en 1981 Syllart Records, puis Syllart Productions. Il produit l’Orchestra Baobab dans lequel joue Thione Seck et l’Étoile de Dakar, où brille déjà un certain Youssou N’Dour.
En 1987, le label obtient son premier succès international avec l’album Soro de Salif Keita, prototype d’un genre afro pop en gestation.
Durant les années 1980 et 1990, les productions et les découvertes s’enchainent parmi lesquels Ismael Lo, Coumba Gawlo, Baba Maal, Oumou Sangaré, Alpha Blondy, Sékouba Bambino, Pépé Kallé ou Mbilia Bel.
Le label contribue à la diffusion d’une nouvelle musique populaire africaine à la fois en Afrique et auprès du public occidental.
Historiquement basé dans le 18e arrondissement de Paris où se retrouve une communauté de musiciens africains, le label a contribué aux métissages des genres musicaux africains n’hésitant pas à donner la direction artistique de nombreux albums issus de pays mandingues à des musiciens d’Afrique Centrale.
Ce métissage musical s’est propagé jusqu’aux Antilles et a touché toute l’Afrique y compris non francophone. Des genres musicaux comme le soukouss porté par des artistes emblématiques comme (Pepe Kalle et Nyboma, Kanda Bongo Man, Soukouss Stars, Tshala Muana) et de nouveaux rythmes dansants tels que le zouk mandingue (Fodé Baro, Sékouba Bambino, Kandia Kouyaté), l’afro-zouk ou le Kwasa kwasa du titre Moyibi ont eu du succès.
La série d’albums-concepts (4 au total) Sans Papiers qui regroupent des duos de musiciens congolais-maliens-sénégalais-ivoiriens illustre un engagement pour la valorisation de la diaspora africaine européenne dans une période marquée par les premières revendications politiques des étrangers africains.
En parallèle Syllart initie l’orchestration de nouveaux groupes qui s’imposent comme des concepts musicaux porteur d’un témoignage des métissages musicaux africains et de son patrimoine musical .
En 1993, Ibrahima Sylla renoue avec sa passion pour les musiques cubaines et la salsa new-yorkaise en créant le groupe Africando.
Ce groupe panafricain et afro-latin est composé dans sa première formation d’un trio vocal 100 % Sénégalais : Medoune Diallo (de l’Orchestra Baobab), Nicolas Menheim (ex-Super Etoile de Dakar, le groupe de Youssou N’Dour), Pape Seck (ex-Star Band de Dakar, qui signe la moitié des compositions) plus tard il s’est enrichi du portoricain Ronnie Baro, du béninois Gnonnas Pedro, du guinéen Sékouba Bambino et du burkinabé Amadou Balaké.
Africando fut le premier groupe africain à s’imposer dans les charts américains en 1994 avec le titre « Yaye Boy »
Dans les années 2000, le label monte le groupe congolais Kékélé composé de Nyboma, Syran Mbenza, Papa Noel, Bumba Massa, Wuta Mayi qui se veut un retour à l’acoustique des musiques de rumba congolaises, le premier album sortira en 2002.
En 2003, l’album Mandekalou réunit les musiciens et chanteurs de cultures mandingues du Mali et de la Guinée (Kassé Mady Diabaté, Kandia Kouyaté, Bako Dagnon, Djelimady Tounkara, Sékouba Bambino et Kerfala Kanté). Cet « opéra mandingue » fut une volonté de transmission du patrimoine et de l’épopée de l’Empire du Mali.
Sa disparition a suscité de nombreuses réactions et hommage de partout.
Quelques mois avant sa disparition Syllart Production laisse la place à Syllart Records.
Ibrahima Sylla est décédé le 30 décembre 2013 et sa fille Binetou continue de gérer la structure qui aujourd’hui se redynamise.
Merci Ibrahima Sylla et Adieu
Guisse Pene
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