La succession de Macky Sall provoque un pugilat à l’APR

La décision du président sénégalais de ne pas briguer un troisième mandat marque davantage un début qu’une fin pour le landerneau politique sénégalais. Dans son camp, les ambitions s’aiguisent jusqu’au pugilat.

Aux observateurs de la planète afrophile, le renoncement de Macky Sall à un nouveau mandat est apparu comme un soulagement, tant la tension était palpable sur le bitume sénégalais. Pour autant, le scénario politique immédiat du Sénégal n’est pas exempt de gageures. Si, pour les partisans de l’opposant surmédiatisé Ousmane Sonko, le jet d’éponge d’un sortant était à peine l’alpha – Abdou Diouf et Abdoulaye Wade ont été battus –, il ne constitue manifestement pas l’oméga. Le retrait de l’actuel chef de l’État ne vaut pas amnistie pour l’ancien lanceur d’alerte…

Pour le camp de Macky Sall également, le changement de champion prend la forme d’un point d’interrogation, tant les ambitions sont légion. Sur les rangs, pour ne citer que la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY) et pour ne retenir que quelques noms, sont alignés des « candidables » nantis d’une expérience de chef de gouvernement, comme Amadou Ba ou Mahammed Dionne, d’autres d’une expérience de ministre comme Abdoulaye Diouf Sarr ou Aly Ngouille Ndiaye ou encore un responsable d’institution, Abdoulaye Daouda Diallo, président du Conseil économique social et environnemental.

Spectacle de la division

Pour anticiper le spectacle de la division – meilleur atout pour les adversaires qui entendent régner –, l’assemblée générale de l’Alliance pour la République (APR-Yaakaar), parti « salliste », entendait offrir, ce 18 juillet, l’image d’une famille unie. Raté. À cette réunion convoquée au nom de « l’unité autour du choix que fera Macky Sall », les partisans d’Amadou Ba et Abdoulaye Diouf Sarr en sont venus aux mains. C’est au siège de la formation politique que des militants favorables au second ont perturbé la déclaration du premier. Les débats ont viré à la bataille rangée. Alors que l’enceinte était mise à sac, Sarr et Ba durent s’éclipser…

L’incident démontre que la sélection du dauphin de Macky Sall doit être orchestrée par une personnalité qui n’est pas elle-même candidate. Alors que l’APR et Benno Bokk Yakaar, conscientes du caractère délétère d’une primaire, ont donné carte blanche au président sortant pour désigner son successeur, le chef de l’État a confié l’étude des candidatures à l’ancien président de l’Assemblée, Moustapha Niasse. Le soutien octogénaire de Sall – qui n’est pas membre de l’APR-Yaakar – aurait auditionné les différents prétendants et s’apprêterait à lui faire un rapport.

À sept mois de l’échéance électorale, la liste globale des candidatures potentielles – certaines sous conditions – s’allonge de jour en jour, avec notamment des grosses pointures politiciennes comme Idrissa Seck, Karim Wade, Khalifa Sall et Aminata Touré, mais aussi Alioune Sarr, Boubacar Camara, Malick Gakou, Déthié Fall, Bougane Guèye Dany ou Thierno Alassane Sall.

Jeune Afrique

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