Ino, Boy Djiné, Thialé… : l’histoire des surnoms des grands bandits

Pourquoi les désigne-t-on ainsi ? L’Observateur a percé le mystère. Extraits.

Ino, le braqueur qui ne payait pas de mine, Boy Djiné et ses prétendus pouvoirs mystiques, Thialé dont la témérité contrastait avec le frêle physique, Kaw couteau, l’homme qui poignardait plus vite que son ombre… : l’histoire des malfaiteurs notoires au Sénégal est aussi une histoire de surnoms ronflants.

Ceux-ci n’étaient jamais le fruit du hasard. Il renvoyait à un détail précis et collait au malfrat à la peau comme un gant. Policier en retraite, Ndiouga Dia confie à L’Observateur, qui a consacré au sujet un dossier, que les bandits choisissent leurs surnoms dans le but de rendre difficile leur identification. «Ils pensent ainsi se soustraire à la traque des policiers lorsqu’ils sont mêlés à un cambriolage», appuie un ancien brigadier-chef ayant requis l’anonymat. Ça ne marche pas à tous les coups, signale ce dernier, mais c’est ainsi.

Pata, Pékin, Thialé, «Beaumard-Le sapeur»…

Mais en plus de cette volonté de passer sous les radars, les malfaiteurs adoptent ou se font coller des surnoms en référence à leur physique, à leur localité d’origine ou à une habilité particulière que leur reconnaissent leurs «collègues».

L’ancien brigadier-chef cité plus haut se rappelle du «fameux Bada que des membres de sa bande appelaient également Pata», un clin d’œil à son physique de déménageur. Thialé, «le braqueur de banque», n’a pas les mêmes atouts naturels. Mais ce compagnon de Boy Djiné, au frêle physique, était un as du braquage des institutions financières et de l’évasion. Il a été arrêté à Tivaouane Peul.

Au rayon des surnoms de bandits notoires qui renvoient à la localité d’origine du titulaire, L’Observateur pointe Gambien et Pékin. Le premier officiait essentiellement à Pikine Guinaw Rails. Il compte à son actif, notamment, une agression qui s’est soldée par la mort d’une dame. Il faisait duo avec le second. Originaire de Pikine, Pékin a juste déformé le nom de son quartier, clin d’œil à la capitale de la Chine, pour se coller un surnom.

«Beaumard-Le sapeur», lui, était ainsi surnommé en hommage à son élégance. Il faisait partie d’une bande qui régnait à Thiaroye. Oumar, de son vrai nom, trompait la vigilance de ses victimes grâce à ses tenues impeccables.

Boy Djiné, Kaw couteau, Ino…

Certains malfaiteurs doivent leurs surnoms à leur capacité à frapper avec habilité et/ou à sortir leurs compagnons de mauvaises passes. Ils sont souvent admirés ou craints. Sinon, les deux à la fois. Kaw couteau, Boy Djiné et Keuleukh, entre autres, garnissent le rayon.

Le premier, établi à Thiaroye, était réputé pour sa maîtrise du couteau. «Il pouvait vous piquer en un clin d’œil», se souvient un ancien policier. Les membres de sa bande l’avaient ainsi baptisé. Mais ces derniers, las du martyre qu’il leur faisait subir lorsqu’il avait une dent contre eux, finiront par l’attirer dans un guet-apens et le tuer.

Plusieurs bandits ont porté le deuxième surnom (Boy Djiné). Mais c’est Baye Modou Fall qui l’a porté au zénith. À son actif plus d’une douzaine d’évasions. Sa légende disait qu’il était doté de pouvoirs mystiques qui lui permettaient de s’échapper des différentes prisons du Sénégal où il a été détenu sans laisser de traces. Ses pouvoirs l’auraient-ils quitté ? Boy Djiné est depuis quelques années en détention.

Le troisième (Keuleukh) renvoie à un malfaiteur qui ne rentrait jamais bredouille. Ceux qui portaient ce surnom se retrouvaient, selon L’Observateur, au croisement de Tally Boumack de Pikine et à l’Arrêt des Niayes, situé à l’entrée de cette vaste commune de la banlieue.

Il y a eu Ino, spécialiste des braquages armés, terreur des stations-service dans les années 1990. Un des malfaiteurs les plus connus au Sénégal. Un des plus troublants aussi du fait de sa mine inoffensive, voire avenante. «Ino m’a beaucoup marqué par sa sérénité à travers son sourire constant. On ne lisait jamais la peur sur son visage», décrit dans son livre «Lumière invisibles» l’ancien officier de la gendarmerie Mbaye Birame Diouf, repris par L’Observateur. Il est décédé en détention en 2004. Il a succombé à une insuffisance rénale, d’après la version officielle.

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