Décision du Conseil constitutionnel : Et si les planètes étaient en train de s’aligner en faveur du candidat Amadou Ba

Un scrutin présidentiel conclut toujours un long processus à rebondissements souvent décisifs, propres à renverser de fortes tendances et à anéantir et conjurer des perspectives finales un temps perçues largement pour évidentes.

En 2017, en France, la succession de François HOLLANDE par le vainqueur des primaires de la droite et du centre, François FILLON, était apparue comme l’issue immanquable de l’élection présidentielle de la même année, avant qu’à la dernière minute, le couperet d’une enquête judiciaire contre ce dernier, pour «détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits», en décidât autrement, au profit du candidat Emmanuel MACRON, pourtant comptable du bilan des socialistes sortants que les
Français entendaient envoyer à l’échafaud lors de cette élection.

Plus lointainement, en 2011-2012, chez nous, l’alternance politique à la tête du pays en faveur de l’opposition, largement regroupée au sein de Benno Siggil Sénégal, avait plusieurs mois durant, résonné comme une perspective acquise, sur fond de rejet populaire de la troisième candidature d’Abdoulaye WADE et de la volonté à lui prêtée de se faire succéder par son fils Karim. Mais la déflagration, au dernier virage de la course, de Benno Siggil Sénégal qui avait réussi une grande percée aux élections locales de 2009, en remportant plusieurs grandes localités dot Dakar, la capitale sénégalaise, en fit autrement au profil du candidat Macky Sall, qui avait pourtant occupé les plus hautes fonctions sous Abdoulaye Wade avant ses difficultés avec ce dernier, précédant son départ dans l’opposition en 2008.

La décision du Conseil constitutionnel du Sénégal en date du 15 février 2024, opposant une fin de non-recevoir à la loi adoptée le 05 février 2024 par l’Assemblée nationale, portant report de l’élection présidentielle au 15 décembre 2024, est un rebondissement aux accents de coup de théâtre et de coup tout court, contre le pouvoir qui a soutenu et voté la proposition de loi initiée par le Parti démocratique sénégalais (PDS), qui émarge dans l’opposition. Toutefois, pour bien des raisons, ce sénario est à même de profiter au candidat du régime, Amadou Ba.

D’abord, l’organisation de l’élection présidentielle à une échéance non-consensuelle, allait déboucher sur un vote-rejet massif contre le pouvoir sortant, les Sénégalais sanctionnant davantage qu’ils n’élisent. En cela, l’observance par le régime actuel de la décision du Conseil constitutionnel profiterait à la fois à son image et à son candidat. L’intérêt du pouvoir est d’être désormais pour une programmation proche et raisonnable de l’élection.

Ensuite, il y a l’image positive dont jouit Amadou BA, concernant sa position perçue par l’opinion comme opposée au report de l’élection. Avec la décision du Conseil constitutionnel qui parait ainsi le conforter, il voit, du haut de cette image fondée ou supposée, sa crédibilité de compétiteur à la présidentielle renforcée.

Enfin, excluant définitivement le candidat Karim WADE, la décision du Conseil constitutionnel ouvre la voie à une forte alliance Benno Bokk Yaakaar – PDS, dans la suite logique de leur démarche commune avortée pour le report. Cette entente entre les deux plus accomplis appareils politiques et machines électorales du pays, serait déterminante. Elle correspondrait, en quelque sorte, aux retrouvailles de la famille libérale qui, selon Abdoulaye WADE, doit assurer la gestion du pays un demi-siècle durant, au bas mot. Pour dire qu’après la bénédiction du Président SALL, Amadou BA n’est pas loin d’obtenir celle du Président WADE, et même de ratisser encore plus large, de Idrissa SECK aux candidats dits spoliés à qui le report soutenu par le pouvoir allait profiter.

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