S’appuyant sur les revenus colossaux issus des combustibles fossiles, les Émirats arabes unis et leur modèle de stabilité autoritaire se sont convertis en 10 ans en un État exerçant une surveillance profondément répressive, où les limites de la liberté d’expression ont été si radicalement redessinées qu’il est désormais clair, pour les citoyens émiriens comme pour les étrangers, qu’aucune critique significative du gouvernement ou de la société n’est autorisée. Toute personne émirienne ayant osé émettre une critique même modérée des dirigeants a fait l’objet d’une disparition forcée ou a été jetée en prison, contrainte à l’exil ou réduite au silence par des menaces. La famille dirigeant le pays accorde son appui à des forces autoritaires et anti-démocratiques du monde entier, allant des chefs de guerre libyens à Donald Trump ou au chef de l’État égyptien, Abdel Fattah al Sissi. Elle commande un réseau de communication extrêmement sophistiqué, doté d’un financement abondant, afin d’entretenir l’illusion d’un gouvernement progressif et tolérant. Les gouvernements occidentaux, tributaires des combustibles fossiles du pays et des investissements connexes, cherchent à maintenir une étroite collaboration avec Abou Dhabi et lui fournissent des armements et un soutien militaire. La présente synthèse sur les droits humains – conçue pour fournir un contexte essentiel aux participants de la COP28 – décrit la répression féroce et implacable en place depuis une décennie dans le cadre du contrat social émirien, qui attend des citoyennes et citoyens une paix politique absolue en échange d’une part des bénéfices issus de l’extraction ininterrompue des combustibles fossiles. Cette synthèse explique que des mesures significatives visant à porter un coup d’arrêt à la demande mondiale de combustibles fossiles seraient une réelle menace pour le pouvoir de la famille dirigeante des Émirats arabes unis, ce à quoi les participants de la COP devraient être sensibles lorsqu’ils travailleront avec la présidence pour obtenir les meilleurs résultats possibles de la COP28.