Avortement médicalisé : La réplique de la task force

«Il ne s’agit nullement de légaliser l’avortement, prévu par l’article 305 du Code pénal, cette disposition restant applicable, souhaiterait susciter un débat public sur les raisons qui l’amènent à demander l’autorisation de l’avortement médicalisé, dans les conditions prévues par l’article 14 du Protocole de Maputo».

C’est la précision de la task force, comité de plaidoyer pour l’accès à l’avortement médicalisé en cas de viol et d’inceste, en réponse à Mame Mactar Guèye de Jamra, Imam Makhtar Kanté et autres organisations qui attaquent la campagne.

En effet, une campagne de communication dénommée «Wuyu Wallu», ayant pour slogan «L’avortement médicalisé en cas de viol et d’inceste sauve des vies, parlons-en !» est portée par le comité de plaidoyer (task force) qui regroupe une vingtaine d’organisations de la société civile. Elle a pour objectif de donner au grand public des informations justes, véritables et vérifiables sur l’avortement médicalisé tel que prévu par l’article 14 du Protocole de Maputo.

«Cet instrument régional, élaboré en 2003 par les chefs d’Etat africains, dans un environnement africain et pour la femme africaine, a été ratifié, en 2004, sans réserve par le Sénégal», rappelle le communiqué dudit comité.

«Il s’agit de sauver des vies»

Revenant sur l’idéal, le texte renseigne qu’il s’agit de sauver des vies, en évitant les avortements clandestins et les infanticides. Au Sénégal, les avortements à risque représentent la 5e cause de décès maternels et 50 % des admissions en urgence dans les maternités de référence. L’avortement clandestin constitue, au Sénégal, avec l’infanticide, 19 % des causes d’incarcération des femmes.

Ce comité, pluridisciplinaire est composé de juristes, de médecins, de sages-femmes, d’infirmiers, de journalistes et de religieux. Il est chargé de mener des stratégies visant à informer les décideurs et le public sur la problématique de l’avortement à risque pour parvenir au changement social et légal en faveur de la réforme de la loi sur l’avortement. L’avortement médicalisé en cas de viol et d’inceste, pour sauver des vies, est son objectif prioritaire. Et «rien d’autre n’est demandé», précise la task force.

Pour le comité, «une attention particulière doit être apportée à ces jeunes filles et femmes victimes de viol et d’inceste. Le débat doit être posé devant l’opinion publique. Ces drames n’arrivent pas qu’aux autres ! Il est important de permettre aux populations de mieux comprendre l’ampleur de ces fléaux sociaux que sont les violences sexuelles, en leur fournissant des informations complètes sur ces faits et en leur démontrant, par des sources fiables, leurs impacts négatifs sur la vie des victimes».

«Mettre fin à l’avortement clandestin»

Selon le comité, tous les jours, les médias relatent des actes odieux de violences sexuelles commises au Sénégal. Une communication et une sensibilisation des populations par des arguments objectifs tirés des faits et de notre religion permettrait de susciter un élan de solidarité et un mouvement de soutien envers les victimes, de bâtir un plaidoyer en vue du changement de notre législation interne pour l’harmoniser avec l’instrument régional ratifié par le Sénégal.

Le but poursuivi est de mettre fin à l’avortement clandestin, à l’abandon de nouveau-nés, à l’infanticide, au calvaire des femmes et des jeunes filles portant une grossesse non-désirée suite à un viol ou à un inceste, plus particulièrement lorsqu’elles ne peuvent ni ne souhaitent la garder, note le comité de plaidoyer.

A l’en croire, il  devient urgent de sortir ces femmes et jeunes filles de ce triangle de feu : prison, cimetière ou handicap à vie.

Harmoniser avec la loi locale

L’infanticide et les avortements clandestins constitueraient 38 % des causes de détention des femmes, selon une enquête réalisée en 2014.  Une étude d’Onu-Femmes, en 2012, révèle que 50 % des cas de violence à l’égard des femmes rapportés dans les services de police au Sénégal sont des viols et ou d’incestes. C’est d’ailleurs dans ce sillage, en conformité avec le Protocole de Maputo, que ces organisations, entre autres, ont demandé à l’Etat d’harmoniser avec la loi locale et autoriser l’avortement en cas de viol et d’inceste.

En effet, notre pays a ratifié plusieurs chartes relatives aux droits des femmes et à leur santé sexuelle. C’est le cas, le 11 juillet 2003, du Protocole de Maputo qui demande aux Etats signataires de garantir le droit à l’avortement médicalisé, en cas de viol et d’inceste ou de danger mental et physique pour la santé de la mère ou du fœtus. 

«Cela est possible. Il suffit d’ajouter à l’article 305 du Code pénal qui interdit l’avortement, un alinéa autorisant l’avortement dans les conditions prévues par l’article 14 du Protocole de Maputo», note le communiqué.

Et d’ajouter : «Le travail de la task force depuis 2013 a été considérable. De nombreuses activités de sensibilisation, d’enquêtes, de plaidoyers, de communications, de sondages ont été menées dans différentes régions du Sénégal. Les résultats sont encourageants. Elle ne saurait faire marche arrière et continuera de façon inlassable et déterminée à œuvrer pour l’atteinte de son objectif, à savoir sauver des vies.»

Seneweb

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