APPROCHE DE L’HIVERNAGE, NDENGLER DÉCHIRE L’ARRÊTÉ PRÉFECTORAL : « Dès qu’il pleut nous retournerons dans les champs»

Le village de Ndengler, qui est en conflit foncier avec l’homme d’affaire sur une superficie de 80 ha, n’est pas prêt à lâcher du lest. Hier, lors de la réunion publique, le patriarche, Galgor Dionne s’est voulu clair. Pour lui,  il n’est pas question d’abandonner leurs champs qui sont leur source de vie.

La population de Ndengler, qui s’est emmurée dans un silence cathédral depuis l’année dernière après que le ministre de l’intérieur Ali Ngouille Ndiaye avait pris la décision de leur permettre de cultiver leurs champs, est sortie de sa réserve. Pourtant, malgré la bataille rangée qui a opposé des villageois à aux travailleurs de Sédima, le patriarche était resté toujours calme. Mais, à l’approche de l’hivernage, Galgor Dione a fait une sortie pour mettre en garde le préfet Mor Talla Tine. A l’en croire, l’arrêté interdisant l’exploitation des champs n’est rien d’autre qu’une décision favorable à Babacar Ngom, car l’homme d’affaire peut se passer de ce lopin de terre et vivre des centaines d’années sans se soucier. Par contre, dit le patriarche, Ndengler ne peut abandonner les terres car, si tel était le cas, le village connaîtrait la famine. «Dans ce dossier, on n’a eu aucun soutien des autorités de la mairie ou du département. Ce que nous déplorons, parce que si un ministre de la République donne des instructions à des paysans et que des incidents s’en suivent, ces autorités devraient réagir. Parce que les populations se sont rendues sur place sur autorisation des ministres. La seule action que nous avons notée, c’est la suspension décidée par le préfet sur 80 hectares, qui prive les populations de son exploitation. Au même moment, Babacar Ngom exploite une superficie qui dépasse 250ha. Parce que nous n’avons jamais mis les pieds dans le domaine qui fait l’objet du litige et nous ne nous y rendrons jamais » a soutenu le vieux. Très en verve Galgor ajoute que le préfet Mor Talla Tine veut leur tordre la main. «La réunion avec le préfet était préfabriquée. Il nous disait que si on ne pouvait pas avoir une alternative, il ne pourrait pas tenir la rencontre. Nous lui avons dit que nous n’en avions pas et nous lui avons rappelé que ce que nous disions depuis des années, c’est pouvoir entrer dans nos terres, cultiver pour nourrir nos familles. Comment pouvons-nous nourrir les enfants si on ne cultive pas ? Voilà pourquoi il n’y a jusqu’à présent pas de négociations. On n’attend pas l’année prochaine pour des négociations. Si la pluie tombait aujourd’hui, on se rendrait aux champs demain pour cultiver». C’est pourquoi le chef de village se veut clair. S’il pleut, ils iront exploiter leur champs avertit Abdoulaye Dione. «Mais nous disons que tout cela est de la faute du président de la République dont la voix est primordiale dans ce dossier. S’il avait décidé que nous allions aux champs, nous y serions dès demain. Qu’ils nous remettent nos terres pour que nous puissions y cultiver. Babacar Ngom ne vaut pas mieux que nous. On est à bout et nous sommes prêts à retourner sur ces terres pour cultiver. Nous nous rendrons sur place dès la tombée de la première pluie, quel qu’en soit le prix», a-t-il prévenu. Pour Abdoulaye Dione, cette tension n’est qu’une histoire préfabriquée pour légitimer l’arrêté préfectoral qui est en faveur de l’homme. Depuis des dizaines d’années, ils ont exploité la zone sans qu’il y ait un problème et ce fut le cas l’année dernière. «L’année dernière, le sous-préfet de Sindia m’avait fait part de ses craintes qu’il y ait affrontement ici. Je l’avais rassuré en lui disant qu’il n’y en aurait pas si chacun  respecte la propriété de l’autre. On était en ce moment dans mon champ. C’est après qu’on nous a demandé de cultiver nos champs et nous avons eu de bonnes récoltes de mil, d’arachides, haricots, etc. Nous avons ensuite montré le fruit de notre travail à la presse puis nous avons les récoltes au village» a-t-il pesté.

La vraie fausse solution du préfet

Pour les habitants du village de Ndengler, la décision du préfet est impartiale c’est pourquoi, ils la jugent comme étant une poudre aux yeux. Selon Mamadou Dione, villageois et exploitant de terres, c’est sur la fausse bonne solution du préfet. «Je l’appelle ainsi parce que dans la motivation de son arrêté, le préfet dit qu’il suspend les terres pour éviter des troubles à l’ordre public. Alors qu’au même moment, Babacar Ngom qui occupe une surface 4 à 6 fois plus grande que la nôtre, n’est pas inquiété et continue encore d’exploiter ses terres. Et lui, il s’est dit satisfait de la décision du préfet. Ceci étant dit, il n’est pas lésé. Les seuls qui ont été lésés, ce sont les habitants de Ndingler». Poursuivant sa déclaration, Mamadou Dione fait savoir que s’il pleut demain, les populations vont retourner aux champs et continuer d’exploiter leurs terres comme ils le faisaient avant. « Le message que nous lançons, c’est que le président de la République rende justice aux populations, qu’il rectifie son erreur qui continue de léser les populations totalement innocentes et qui continuent de subir les conséquences. Encore une fois, il n’est pas question que les populations de Ndingler cèdent leurs terres et que Babacar Ngom continue de les exploiter » tonne-t-il.

Après la publication de l’arrêté préfectoral, les proches de Babacar Ngom s’étaient réjouis de la décision car la non exploitation de ce lopin de terre pourrait leur permettre l’année prochaine d’attaquer l’arrêter en justice et avoir gain de cause surtout que l’homme d’affaire bénéficie d’un titre foncier. Mais pour les paysans qui jouent leur va-tout, l’abandon est synonyme d’une famine donc la récupération des terres est pour eux vitale.

lemandat

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