
11 MAI 1973 : Il été une fois Omar Blondin Diop…
Omar Blondin Diop, est né le 18 septembre 1946 à Niamey
et est décédé le 11 mai 1973 (à 26 ans) dans les geôles de l’île de Gorée. Il est connu pour être sorti normalien de
l’école normal de Saint-Cloud, une distinction très honorifique car même
l’ancien président sénégalais Leopold Sedar Senghor n’était pas parvenu à
réussir ce concours. Brillant élève, Blondin a fait ses études secondaires au
lycée Louis-le-Grand à Paris et a poursuivi ses études universitaires comme
normalien à l’École normale supérieure de Saint-Cloud d’où il sortira diplômer.
Pour certains, c’est en raison de son statut de normalien de Saint-Cloud que
Senghor voyait en ce jeune un rival potentiel. L’engagement de Diop lui vaut,
en 1969, d’être exclu de l’ENS de Saint-Cloud et expulsé de France en même
temps que Cohn-Bendit.
Omar Blondin Diop joua une part active dans les
années de braise qui allaient voir de jeunes intellectuels sénégalais
idéalistes, pétris d’influences panafricanistes et maoïstes, affronter en recourant parfois à l’action violente le régime francophile du président-poète
Léopold Sédar Senghor.
À Dakar, il poursuit ses activités
révolutionnaires, soutenu par ses frères cadets tous ardents militants anticolonialistes et critique ouvertement la politique
pro-française de Senghor qui s’est adjoint, au poste de ministre de
l’Intérieur, un proche de Jacques Foccart : le Français Jean Collin.
Pour protester contre la politique de « coopération
» avec l’ancienne puissance coloniale et l’attitude, servile à leurs yeux, de
Senghor qui entreprend des travaux démesurés pour une visite-éclair de Pompidou
à Dakar, les frères d’Omar, le 15 janvier 1971, incendient le ministère des
Travaux publics et le centre culturel français. Ils préparent des cocktails
molotov pour les jeter sur le cortège officiel. Ils sont arrêtés. Dialo Diop
est condamné aux travaux forcés à perpétuité. Il sera torturé dans sa cellule.
Omar, alors jeune agrégatif, projette de libérer
ses jeunes frères depuis le Mali où il s’est réfugié. Mais il est capturé et
extradé vers le Sénégal.
Le 23 mars 1972, il est condamné par un tribunal
spécial sénégalais à 3 ans fermes de réclusion pour « atteinte à la sûreté de
l’État ».
Opposant à la politique « pro-occidentale »
et « antipopulaire » du pouvoir de Léopold Sédar Senghor, Omar Blondin
Diop est mort dans sa cellule, à la prison centrale de Gorée où il avait été
interné, depuis sa condamnation, à trois ans de réclusion, pour « atteinte
à la sûreté de l’Etat », par un tribunal spécial, le 23 mars 1972.
Le 14 mai 1973, le quotidien gouvernemental Le Soleil, reprenant le communiqué
de l’administration pénitentiaire, écrit : ‘’La commission de surveillance des
prisons (…) a constaté que le détenu Oumar Blondin Diop s’était donné la mort
par pendaison dans sa chambre, aux environs de deux heures du matin’’.
Omar Blondin Diop avait 26 ans lorsque l’administration
pénitentiaire sénégalaise annonça son suicide par pendaison dans la nuit du 10
au 11 mai 1973.
Pour l’ancien ministre d’Etat Amath Dansokho : ‘’C’est
tellement clair comme de l’eau de roche dans ma tête : Omar Blondin Diop a été
assassiné. Il a été tué parce que les autorités de l’époque étaient convaincues
que par son intelligence il pouvait faire partir le système’’.
Pour les frères Diop et en particulier le docteur Dialo Diop qui
n’ont cessé de se battre pour la mémoire de leur frère, c’est un homicide
politique : Omar aurait succombé après des sévices que lui auraient infligés
ses geôliers, probablement sur ordre de Collin. Plusieurs historiens partagent
ce point de vue.
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