Un témoin raconte : circuits, profils, salaires…, comment Poutine recrute des Sénégalais pour combattre l’Ukraine

Malick Diop serait l’arbre qui cache la forêt. Ce jeune homme originaire de Koungheul, arrêté par l’armée ukrainienne alors qu’il combattait au côté des Russes, ne serait pas un cas isolé. Beaucoup de ses compatriotes seraient sur le front pour le compte de Moscou, certains y auraient même perdu la vie. Pour Source A, Abdoulaye Thiongane, un étudiant sénégalais établi depuis deux à Saint Pétersbourg, témoigne. Extraits. Volontaires et obligés
«En dehors de Malick Diop, des Sénégalais, étudiants, comme « Modou-Modou » en situation irrégulière, s’engagent aux côtés de l’Armée russe. D’après les informations que j’ai reçues, l’étudiant Malick Diop s’est engagé de son propre gré et en catimini dans les rangs de l’armée russe. Toutefois, il faut noter qu’il y a deux possibilités pour arriver à le faire. Il y a certains qui s’enrôlent de leur propre gré, mais en toute discrétion. Il y a d’autres qui, voyant que leur visa a expiré, décident de s’enfuir à travers les frontières. Où ils sont très souvent pris au piège. Ils sont envoyés en prison, ou contraints à rejoindre l’Armée pour combattre l’Ukraine.
Salaires tentants
«Il y a eu des révélations autour de la rémunération. On propose à ceux qui sont enrôlés dans l’Armée russe un salaire de 400 000 roubles (monnaie russe), soit 2,9 millions F Cfa. Certains sont prêts à prendre le risque. Il y a beaucoup de gens qui s’y engagent. Il y a des canaux discrets qui leur sont soufflés. Les recrutements se font très discrètement. D’ailleurs, nous avons constaté la présence de plus en plus massive de Sénégalais détenteurs de visa touristique. En dehors des étudiants, ces Sénégalais sont la cible de l’armée russe. Au bout de trois mois, s’ils ne quittent pas le territoire, ils sont souvent pris au piège.
Clandestin, tolérance zéro
«Ici, ils ne badinent pas avec les étrangers en situation irrégulière. Pour preuve, je suis à Saint Pétersbourg qui est la deuxième Ville après Moscou. Actuellement, on a un compatriote qui est en prison depuis trois semaines et il n’est pas étudiant. Les conditions de son voyage sont jugées nébuleuses. J’ai appris que sa famille s’apprête à lui acheter un billet d’avion, afin qu’il puisse rentrer au bercail, s’il arrivait à être libéré.
En cas de décès…
«Si les recrutements se font, de façon discrète, c’est seulement en cas de malheur qu’ils nous informent. Nous avons appris d’ailleurs qu’il y a eu des cas de décès. Le dernier en date remonte à trois mois quand il a été envoyé dans notre groupe WhatsApp, la photo d’un Sénégalais qui s’était engagé dans l’armée russe, mais qui est finalement décédé. Cela avait ému tous les membres qui l’avaient connu. Il était bel et bien un Sénégalais, et il n’est pas le seul.
Briller à l’université ou quitter la Russie
«Ici, en fonction de tes résultats en tant qu’étudiant, c’est l’université qui gère le renouvellement de ton visa. Mais le système est sévère, car en cas d’échec, de redoublement, l’apprenant est automatiquement viré et son visa ne sera pas renouvelé par son université. Il est alors signalé au niveau des services des migrations. Car beaucoup préfèrent rester en situation irrégulière. Or, les Russes ne badinent pas avec ça. Avec cette guerre (russo-ukrainienne), c’est une opportunité qu’ils saisissent pour s’engager dans l’armée et gagner de l’argent pour être utiles à leurs familles restées au pays.»

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