Tensions politiques : Attention à la contagion scolaire et syndicale

 L’appel du leader de Pastef Ousmane Sonko pour une journée morte a peu de chance d’aboutir. Que ce soit dans l’éducation, la santé, le commerce, les transports ou les collectivités locales, les acteurs de ces différents secteurs ont mené chacun sans lutte. Et il n’est pas sûr qu’ils aient senti le soutien de Sonko au moment où ils faisaient face à l’Etat. Ils n’ont donc aucune raison d’apporter leur soutien à l’opposant dans un combat qui lui est avant tout personnel.
 
Cependant, l’Etat doit faire très attention, car il peut y avoir une jonction des forces, sans même que personne ne soit à l’initiative. En effet, depuis quelque temps, les acteurs de l’éducation semblent se joindre à la dynamique contestataire. Le G7 a décrété 48h de débrayage prévues hier lundi et aujourd’hui pour réclamer la libération des enseignants et élèves arrêtés lors des manifestations du 16 juin. D’autres syndicats non membres du G7 ont fait pareil. 
 
Le ministre de l’Education nationale semble avoir compris. « Nous n’accepterons pas de déviation, nous ferons face, nous prendrons les mesures qu’il faut pour l’intérêt du Sénégal », promet Cheikh Oumar Anne qui rappelle que l’Etat a accédé aux revendications de corps des enseignants. Il justifie d’ailleurs l’anticipation des fêtes de Pâques par une volonté de suivre les parents qui décident de retenir les enfants à la maison lors des journées de tensions.
 
Syndicats, élèves, université
 
Seulement, le problème ne se limite pas aux syndicats d’enseignants. On a vu des élèves vider les salles pour exiger la libération de leurs camarades, qui disent-ils, doivent être non pas en prison, mais en classe. Il s’y ajoute que l’enseignement supérieur est entré dans la danse, à travers les étudiants de l’Ugb. « La coordination des étudiants de Saint-Louis (Cesl) décrète une suspension de toutes activités pédagogiques jusqu’à la libération du camarade Doudou Lèye », annonce un communiqué daté du 27 mars.
 
Et c’est là qu’il faut craindre la suite. En effet, depuis mai 1968, puis 1988 et 1994, l’éducation a toujours montré sa capacité de mobilisation et d’imposer une tension nationale de grande envergure. L’école à elle seule peut maintenir une tension vive comme c’était le cas récemment en 2016 et 2022. 
 
Discours de plus en plus musclé
 
Sur le plan politique, Ousmane Sonko et le Pastef ont également prouvé leur force de frappe, avec des mobilisations monstres ou alors des journées de tensions au cas où la manifestation est interdite. Si jamais ces deux entités réunissent leurs forces, il y a fort à craindre. Or, à ces deux là peuvent s’ajouter d’autres, puisque les syndicats de la santé et des impôts et domaine se sont mobilisés eux aussi pour réclamer la libération d’un des leurs. Le cocktail est donc assez explosif. Et l’augmentation des tickets de transport par Aftu ainsi que la rareté du sucre et la vie chère ne sont pas de nature à apaiser la situation sociale. 
 
Il s’y ajoute le jeu de yoyo entre Idy et Macky et surtout l’épineuse question du troisième mandat. En effet, si Sonko a réussi jusqu’ici ses mobilisations, il ne déplace que ses partisans et ses sympathisants. Le peuple majoritaire est jusqu’ici silencieux. Mais il n’est pas évident qu’il puisse rester indifférent à la déclaration d’une troisième candidature de Macky Sall. Les autorités, le chef de l’Etat en premier, ont donc intérêt à calmer la situation. 
 
Malheureusement, en lieu et place, on assiste à un discours de plus en plus musclé. ‘’Force reste à la loi’’ est devenu une rengaine. Et le général Moussa Fall vient d’en ajouter une couche, promettant une répression sans concession aux récalcitrants. Une autre couche est attendue avec les six procureurs qui doivent faire face à la presse.  Mais une chose reste sûre, quels que soient par ailleurs les moyens : on n’arrête pas un peuple déterminé par des armes. 
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