Au Sénégal, la Tabaski, ou Aïd el-Kebir, incarne solidarité et générosité, mais pour les Sénégalais expatriés, célébrer cette fête loin du pays nécessite des ajustements, mêlant traditions ancestrales et réalités locales.
Les préparatifs de la Tabaski, prévue le 7 juin 2025, démarrent des semaines à l’avance. Les marchés débordent de moutons, et les négociations animées rythment les rues. La veille, l’effervescence culmine : provisions, épices, tissus pour les boubous cousus à la hâte par les couturières, et chaussures neuves envahissent les foyers. Le jour J, après la prière, le sacrifice du mouton lance les festivités. Les plats traditionnels – méchoui, sauces, lakh, beignets – abondent, tandis que les enfants, parés de leurs plus beaux habits, sillonnent les quartiers pour saluer les voisins et collecter le *ndeweuneul* (argent de poche).
Le partage transcende les religions, comme l’explique Binta Sene, de Dakar : « La Tabaski, c’est le partage. Nos voisins chrétiens viennent manger avec nous, et on leur offre de la viande, comme à tous ceux dans le besoin. » Cette ouverture renforce la cohésion sociale, signature du Sénégal.
Réinventer la fête à l’étranger
Pour les expatriés, la Tabaski prend une autre forme. Ndaraw Fall, basé à Spokane, Washington, décrit les défis : « On parcourt des États pour se réunir entre Sénégalais. On cuisine avec ce qu’on trouve, mais certains ingrédients manquent. » Les moutons, rares ou coûteux, sont parfois achetés collectivement et grillés dans des parcs ou des maisons. L’ambiance, plus intime, mêle joie et nostalgie des grandes réunions familiales. « Rien ne vaut l’effervescence du Sénégal », confie Ndaraw.
Malgré la distance, les expatriés maintiennent les traditions. Astou Diouf raconte comment son mari, absent, organise tout depuis l’étranger : « Il envoie l’argent pour le mouton et les provisions. Le matin, les appels vidéo nous réunissent pour le sacrifice et les préparatifs. » Anta Diaw, installée aux États-Unis depuis onze ans, recrée l’ambiance sénégalaise avec sa famille : « On célèbre presque comme au pays, sauf pour les visites de quartier. » La solidarité reste centrale : « J’envoie de l’argent à mes proches démunis pour qu’ils fêtent dignement », ajoute-t-elle.
Qu’elle soit célébrée dans l’effervescence des rues dakaroises ou dans des rassemblements modestes à l’étranger, la Tabaski conserve son essence : gratitude, communion et amour familial. Appels vidéo, envois d’argent et repas partagés tissent un lien invisible entre les Sénégalais, où qu’ils soient, faisant de cette fête un symbole d’unité transcendant les frontières.
Seneweb
Leave a Reply