Tabaski 2022 : dix raisons de ne pas craindre une pénurie de moutons

Le gouvernement est formel : le marché sénégalais sera bien approvisionné en béliers pour la fête de cette année. Il mise sur une série de mesures prises en ce sens. 
Les besoins du Sénégal en moutons de Tabaski sont évalués à 810 000 têtes dont 260 000 pour la région de Dakar. L’embargo contre le Mali, d’où partaient 350 000 à 400 000 bêtes, fait craindre une pénurie de ruminants pour la fête qui sera célébrée dans le pays le 10 juillet prochain, selon les prévisions de la Commission nationale de concertation sur le croissant lunaire (CONACOC).
La situation est aggravée par la hausse du prix de l’aliment de bétail à cause notamment de la guerre en Ukraine. Un éleveur établi à Louga confiait récemment à Seneweb que le sac qui coûtait 9 000 francs CFA s’échange aujourd’hui contre 14 500. 
Face à ces craintes, l’Etat a pris une série de mesures destinées à garantir la disponibilité des moutons pour toutes les bourses. Ce dispositif rend optimiste le ministre de l’Elevage et des Productions animales, Aly Saleh Diop. Lors du dernier épisode des face-à-face bimensuels du gouvernement avec la presse, jeudi 23 juin, il s’est montré formel : les bêtes seront disponibles en quantité, en qualité et à des prix accessibles.

Voici dix raisons de lui accorder du crédit.  

1. Des marchés et points de vente

Pour assurer un approvisionnement correct du marché sénégalais, le gouvernement a organisé l’occupation du territoire national par les vendeurs. Ainsi, à la date du 20 juin, le ministère de l’Elevage et des Productions animales a recensé 205 marchés et points de vente au niveau de toutes les régions du Sénégal. Une façon de rendre les moutons accessibles à tous. 
2. Déjà un surplus de 13 350 têtes

Toujours selon les chiffres du ministère de l’Elevage et des Productions animales, arrêtés à la date du 20 juin, le Sénégal enregistre déjà un surplus par rapport à l’année dernière à moins d’un mois de la Tabaski. Les services de la tutelle ont recensé 376 401 têtes contre 363 051 en 2021, soit un dépassement relatif de 13 350 bêtes. Même la courbe des moutons en provenance de l’étranger suit la même trajectoire ascendante. En effet, 85 477 béliers ont été enregistrés au niveau des postes de contrôle de l’entrée du bétail contre 83 558 l’année dernière à la même période, soit 1900 de plus.

 3. Surplus et Covid-19

L’autre raison qui doit pousser à ne pas craindre une pénurie, tient au fait que chaque année, les vendeurs peinent à écouler leur stocks. «En 2021, après avoir dressé le bilan, on s’est retrouvé avec un surplus de 17%, et en 2020, plus de 15% de la demande 

étaient restés invendus», signale un cadre du ministère de l’Elevage contacté par nos confrères de Seneweb. Sans compter, signale notre source, que malgré les restrictions liées à la Covid-19 durant cette période, «le Sénégal avait réussi à assurer un correct approvisionnement du marché en moutons en 2020 et en 2021».
4. La lettre circulaire du 22 avril

Dans une lettre circulaire datée du 22 avril, soit un peu moins de trois mois avant la Tabaski, le Président Macky Sall demande aux ministères concernés d’assouplir les contrôles du convoyage des moutons et d’exonérer de droits et taxes le bétail destiné à approvisionner le marché sénégalais pour les besoins de la fête. Ces facilités doivent durer un peu plus de trois mois (11 mai-24 août).
5. Transport : des tarifs consensuels

Pour faciliter le transport des moutons, afin de peser sur les prix de revient des bêtes pour les éleveurs et ainsi, au final, sur les prix de vente, le gouvernement a trouvé un accord avec les transporteurs pour l’adoption de «tarifs concernés». Celui-ci est le résultat de concertations entre la direction des Transports routiers et celle de l’Elevage, d’un côté, et les organisations de transporteurs, d’éleveurs, les vendeurs de moutons et les associations de consommateurs, de l’autre. 

6. Les 38 points de vente de Dakar

Dakar absorbe 260 000 moutons, soit plus du quart des besoins du Sénégal (810 000). Pour organiser l’occupation par les vendeurs de la voie publique, le gouverneur de la région est intervenu. Par arrêté, il a désigné 38 points de vente. Lesquels, selon le ministre de l’Elevage des Productions animales, Aly Saleh Diop, seront sécurisés, éclairés, nettoyés au quotidien et dotés de toilettes publiques.  
7. Mobilisation de la police et de la Gendarmerie

Le vol de bétail est criminalisé au Sénégal. Il constitue une terreur pour les éleveurs. Et la période de la Tabaski est propice pour les malfaiteurs, qui écument les points de vente, guettant la moindre occasion pour sévir. C’est pour barrer la route aux malfrats que le gouvernement a mobilisé la police et la gendarmerie au niveau des points de vente officiels aussi bien à Dakar que dans les autres régions du pays.  
8. Subvention de l’aliment de bétail

La hausse du prix de l’aliment de bétail, notamment à cause de la guerre en Ukraine, constituait un véritable casse-tête pour les éleveurs, surtout à proximité de la Tabaski. Le gouvernement a décidé de mettre à la disposition de ces derniers 3000 tonnes d’aliment. Lesquelles seront vendues à 5 200 francs CFA le sac de 40 kg, qui coûte en ce moment jusqu’à 14 000 sur le marché. Aly Saleh Diop a annoncé que la livraison du stock débute la semaine prochaine à Dakar, Thiès, Diourbel, Kaolack, Kaffrine, Louga et Saint-Louis. Le ministre espère que cette subvention de l’Etat permettra d’amortir les prix des moutons. 
9. Visite en Mauritanie

Le Mali et la Mauritanie formaient les principaux pays de départ des moutons importés au Sénégal. Bamako subissant les sanctions de la Cedeao, Dakar s’est tourné vers Nouakchott. «Nous attendons 240 000 à 250 000 moutons de la Mauritanie», informe notre source au ministère de l’Elevage et des Productions animales. Pour faciliter l’arrivée de ces bêtes, Aly Saleh Diop s’était rendu à Nouakchott début mai. Les modalités d’importations des moutons de la Mauritanie au Sénégal étaient au menu. 

Cette démarche semble porter ses fruits puisque les éleveurs mauritaniens se disent prêts à combler le vide laissé par leurs collègues maliens. «Les sanctions contre le Mali devraient avoir un impact relativement limité sur l’approvisionnement du marché sénégalais pour la Tabaski», avance Hacen Ould Taleb, le président du Groupement national des associations sylvo-agropastoral (GNAP) de la Mauritanie. Autre motif d’optimisme : «Nous sommes en période de soudure. Des milliers d’éleveurs mauritaniens se trouvent actuellement en transhumance sur le territoire sénégalais avec leurs troupeaux», révèle le vendeur de moutons Djibril Ould Breyzik sur le site Le360afrique.Il ajoute : «Ce nombre est plus important que les années précédentes du fait de la situation sécuritaire au Mali, pays qui accueillait traditionnellement des dizaines de milliers de transhumants mauritaniens en quête de pâturage. Cela va aider à un meilleur approvisionnement du marché sénégalais pendant la prochaine Tabaski. Cela, d’autant plus que le groupement des éleveurs mauritaniens mène une campagne de sensibilisation dans ce sens.»
10. Financement des opérations Tabaski

L’absence des éleveurs maliens constitue une occasion pour les vendeurs sénégalais de prendre davantage de parts de marché. «Nous savons que les autorités sont en train de tout faire pour éviter un déficit, mais nous aussi on va tout faire pour en tirer profit, au maximum», confesse Moussa, 45 ans, éleveur de moutons laadoum installé dans une ruelle à Hann Maristes.En plus des vendeurs professionnels, comme Moussa, les opérateurs de circonstance devraient également se frotter les mains. D’autant que l’Etat, à travers le Fonds d’appui à la stabulation (FONSTAB), a mobilisé 1 milliard 054 millions 412 mille 426 francs CFA pour financer les opérations Tabaski. Selon le ministre de l’Elevage et des Productions animales, 520 projets ont été appuyés grâce à ce mécanisme. De son côté, la Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes (DER/FJ) a financé 153 projets de production et de distribution de moutons de Tabaski pour une enveloppe de 317 millions 279 mille 300.

Seneweb

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Previous post Olivier Faure (Député français) «La démocratie Sénégalaise est piétinée…»
Next post CM 2022-Les mille et un interdits du Qatar : la fête du foot perd-elle son âme ?