SOLUTION À LA MENDICITÉ : Un petit-fils de Serigne Touba prône une reformulation de la notion de solidarité

La mendicitéest symbole de l’échec de la grande famille humaine qui peine, par défaut de solidarité, à trouver des solutions adaptées à une vie d’ensemble, tant sur le plan économique que social, a déclaré jeudi dans d’un entretien avec AbenaTv.com Serigne Alioune Mbacké, petit-fils de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, de la lignée de Serigne Moustapha, fils aîné du fondateur du mouridisme.

Egalement fonctionnaire de l’Etat, en service au ministère de l’Intérieur, il pense que la mendicité, présent partout, trouve son origine dans une perception fallacieuse de la religion au Sénégal. «La notion de solidarité, essence de la religion musulmane, n’est pas très développée. La communauté mouride pratique cette notion de solidarité, mais de quelle manière ? Je pense qu’une meilleure reformulation de cette solidarité permettra de mieux lutter contre cette pauvreté»,a préconisé Serigne Alioune Mbacké.

S’inspirant de l’adage wolof qui dit : «Si tu donnes un poisson à un homme il mangera un jour; si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours»,le marabout, auteur de plusieurs publications en français sur des questions politiques et sociétales, est d’avis que la façon dont on dit venir en aide aux mendiants ne fait que les maintenir dans la mendicité. «Le mieux, pour lui,c’est d’investir pour ces gens-là, qu’elles puissent vivre d’un travail décent. Pour ce faire, il faut des actions solidaires de grande envergure pour que l’impact soit réel et visible». Et pour Serigne Alioune Mbacké, la création d’industrie au niveau de l’agglomération Touba-Mbacké ne serait pas une mauvaise chose. «La zone de Touba doit avoir un pôle industriel pour pouvoir absorber la demande en emploi», a-t-il plaidé ; avec la conviction que la force mouride peut le faire. Il faut juste que cette force soit regroupée. «D’un point de vue religieux, il y a la notion du trésor des musulmans où étaient regroupés les zakats et autres formes dons. L’investissement de ces sommes dans des secteurs pourvoyeurs d’emplois permettrait de sortir de cette précarité et de cette pauvreté», croit savoir ce petit-fils de Bamba.

Par ailleurs, Serigne Alioune Mbacké pense que le problème de la mendicité doit être appréhendé dans sa globalité. Ce qui éviterait les disparités notées dans le traitement de ce phénomène entre Dakar et les régions ; et ainsi freiner l’exode rural. «La capitale est un milieu économiquement développé. Par conséquent, ceux qui mendient croient y trouver de potentiels donateurs. On assiste alors à une ruée de mendiants des zones rurales vers les capitales régionales. C’est pour cette raison qu’il est impératif de développer des politiques adaptées pour pouvoir combattre le problème à la racine, c’est-à-dire dans les régions d’où viennent les personnes pour mendier en capitale», a-t-il suggéré.

Sans quoi, prévient Serigne Alioune Mbacké,«ce serait de s’aventurer dans des solutions superficielles (…) On fait comme si on pratiquait de la phlébotomie (incision d’une veine, Ndlr)sur des anémiés».

Abdoulaye SIDY

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