Ngouda Fall Kane, Inspecteur général d’État et ancien président de la CENTIF (Cellule nationale de traitement des informations financières), s’est exprimé sur l’évolution des crimes financiers au Sénégal. Il souligne la gravité croissante du blanchiment d’argent, en particulier dans certains secteurs clés.
« Quand j’étais à la CENTIF, la discipline sportive comme la lutte n’était pas encore intégrée aux secteurs à surveiller.C’est un secteur où il ya le blanchiment. Aujourd’hui, le trafic de drogue est aussi dans le crime organisé.Les secteurs des BTP, un domaine où se mêlent blanchiment d’argent et trafics en tous genres. Le secteur de la santé n’est pas épargné non plus », affirme Ngouda Fall Kane.
Concernant la mission de la CENTIF, Ngouda Fall Kane rappelle qu’elle se limite à la réception et l’analyse des déclarations d’opérations suspectes :
« Ce n’est pas parce qu’un nom est cité dans un rapport qu’une personne est coupable. La CENTIF ne qualifie pas les infractions. Son rapport est destiné au procureur de la République, pas au Président de la République », précise-t-il, en réponse aux confusions souvent entretenues sur le rôle de cette institution.
Sur le risque terroriste, particulièrement en lien avec la situation instable au Mali, Ngouda Fall Kane appelle à la vigilance :
« Nous sommes bien informés de la situation. Le Sénégal partage une frontière avec le Mali, donc les risques existent. Mais il faut éviter la panique et attendre d’avoir une meilleure lisibilité sur les menaces. »
L’ancien président de la CENTIF insiste également sur l’importance de l’information et de la prévention, conformément aux recommandations de la Convention des Nations Unies contre la criminalité organisée :
« Il faut sensibiliser, informer, et surtout, s’appuyer sur une presse de qualité. C’est par la bonne information que les populations peuvent être mieux protégées. »
Il se dit prêt à répondre à l’appel de toute structure engagée dans la bonne gouvernance.
Sur le financement des partis politiques, Ngouda Fall Kane déplore le manque de transparence :
« La directive de l’UEMOA traite de cette question. Il faut imposer aux partis politiques la présentation de bilans financiers. Aujourd’hui, très peu d’entre eux déposent un état financier au ministère de l’Intérieur. Cette exigence permettrait de lutter plus efficacement contre la corruption. »
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