SÉNÉGAL : Des acteurs luttent pour sauver leur terre du sel (IRIN)

L’eau de mer s’est infiltrée dans les terres agricoles du village de Dioffior, situé dans la région de Sine-Saloum, à l’ouest du Sénégal. L’invasion saline a obligé plusieurs agriculteurs à abandonner leurs rizières, les privant ainsi de travail et de moyens pour nourrir leurs familles. Mais après avoir formé une association locale et travaillé dur pour construire des digues, beaucoup sont retournés dans leurs champs.

Le changement climatique entraîne une augmentation du niveau des mers, augmentant ainsi la concentration en sel du fleuve Sine qui coule près du village. Au cours des trois dernières décennies, l’eau de mer a contaminé 700 000 à un million d’hectares de terres dans le delta du Sine-Saloum, incluant les environs de Dioffior. La majorité des habitants vivent de l’agriculture, par conséquent, la salinisation peut mener à l’insécurité alimentaire et la pauvreté.

Seydou Cissé travaille pour l’Institut National de Pédologie (étude des sols) du Sénégal. À ses dires, la salinisation a touché tous les cours d’eau du bassin hydrographique du Sine.

Pour pallier la situation, les agriculteurs locaux ont créé l’association Sakh Diam qui signifie « semer la paix » en wolof. Pendant des mois, ils ont transporté des paniers de sable et de pierres pour construire les digues qui ont contribué à transformer à nouveau des champs perdus en terre arable. Les digues permettent de séparer l’eau salée du fleuve des eaux douces et des champs.

Pour l’instant, les membres de l’association ont construit neuf digues autour de Dioffior et ont récupéré plus de 100 hectares de terre. Marie Sega Sarr est la présidente de l’association, et elle est fière de ces résultats. Elle déclare : « Avant, rien ne poussait ici. Ces rizières étaient des tans [terme wolof pour désigner « terres salées »].… Vous pouvez voir par vous-même que des graminées sauvages poussent maintenant ici. S’il pleut assez, nous espérons pouvoir moissonner dans cette région pour nourrir nos familles comme le faisaient nos ancêtres. »

Omar Faye est le secrétaire général de Sakh Diam. Il ajoute : « Notre travail a fini par porter ses fruits. Nous avons commencé à réutiliser ces terres pour faire pousser du riz. Juste ici, 80 hectares ont été réhabilités. »

L’association veut poursuivre le travail, et espère récupérer plus de terres pour redynamiser la région et permettre à ses membres de cultiver et nourrir leurs familles.

En 2011, l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal a organisé un atelier international à Dakar sur la récupération des terres salées en Afrique. Selon les experts présents à l’atelier, un tiers des terres arables du Sénégal est touché par le sel.

Ces dernières années, près de 60 digues anti-sel ont été construites dans quatre régions du Sénégal, et quelque 7 000 hectares de terres autrefois stériles ont ainsi été récupérés pour les cultures.

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