POLLUTIONS CHIMIQUES : Arlette Soudan-Nonault invite ces «pairs» à appliquer les lois internationaux

Les pollutions et dégradations des écosystèmes sont dues en grande partie à une mauvaise gestion des produits chimiques et par conséquent des déchets dangereux.  Consciente de cela, la Ministre de l’Environnement, du Développement Durable et du Bassin du Congo, Arlette Soudan-Nonault  a profité, ce mardi de la tenue du Webinaire de renforcement des capacités des journalistes du réseau Africain des journalistes de l’Environnement pour donner quelques pistes de réflexions hommes et femmes des médias. Ce, en vue de les sensibiliser sur les dangers liés aux produits chimiques et déchets dangereux

Selon elle, les modèles de production et de consommation adoptés jusqu’à présent ont un impact environnemental sans précédent, caractérisé par les changements climatiques, les cyclones, les inondations, les sécheresses, la pollution, l’accroissement de la déforestation et de la désertification, la perte de la diversité biologique et une tendance à l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles. « Notre planète est au bord du gouffre » peste-t-elle. 

« Nos océans et mers sont sujets à une pollution à grande échelle, avec au moins 8 millions de tonnes de rejets plastique par an, d’après les découvertes de la Communauté scientifique » ajoute Mme le ministre. 

D’après Arlette Soudan-Nonault,   la production agricole aujourd’hui suscite de plus en plus de questionnement sur l’utilisation de certains pesticides et engrais en raison de leurs effets néfastes sur l’environnement et la santé. 

Allant plus loin dans ces propos, elle dira-que «Ces pesticides sont utilisés en Afrique depuis plus de 40 ans et, selon les estimations, le continent détient des stocks de plus de 27 000 tonnes de pesticides obsolètes à éliminer.  Cette situation, telle que décrite, ne peut laisser intacte la nature dont admirons la splendeur, mais pour combien de temps encore ? » 

En effet, les phénomènes qu’elle a  décriés, détruisent les systèmes écologiques qui ont toujours existé et dont l’existence conditionne la vie sur terre. Au-delà de la valeur purement esthétique de la nature qui se détériore, la perte des éléments dont elle est porteuse a un impact sur le plan social, économique et écologique. 

L’Afrique est l’un des continents les plus touchés au regard de sa vulnérabilité et de ses moyens limités pour faire face aux défis environnementaux du moment. 

Toutefois, la ministre souligne que «la santé humaine est intimement liée à l’état de l’environnement. Le document final de la conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) – L’avenir que nous voulons – indique que « la santé est à la fois une condition préalable, le résultat et un indicateur des trois volets du développement durable », notamment social, environnemental et économique. 

Depuis quelques années, les nations du monde en général et africaine en particulier font face à des pollutions dues en grande partie à une mauvaise gestion des produits chimiques et déchets dangereux pour la plupart produits par les pays fortement industrialisés.  

La richesse et la prospérité des nations ont pris le pas sur les valeurs pourtant universellement reconnues, mais qui ne cessent d’être méprisées au détriment des égoïsmes nationaux.  

En effet, les produits chimiques, omniprésents et indispensables pour notre vie quotidienne, sont utilisés dans la majorité des secteurs  productifs et sont exploités pour la résolution de plusieurs problématiques liées à l’amélioration de la qualité de notre vie. 

« Lorsqu’ils sont rejetés dans l’environnement, soit directement soit sous la forme de déchets, les produits chimiques sont soumis à des processus naturels de transformation et contribuent à la dégradation de la qualité de l’air, de l’eau, des sols, des sédiments, de la végétation et de la faune » se lamante-t-elle. 

Les produits chimiques périmés ou interdits de commercialisation sont considérés comme déchets dangereux, c’est à dire des «substances ou objets qu’on élimine, qu’on a l’intention d’éliminer ou qu’on est tenu d’éliminer en vertu des dispositions du droit national ».  

Parmi ces produits figurent les équipements électriques et électroniques qui franchissent nos frontières sous diverses formes, généralement en fin de vie et qui constituent le gros des déchets qui inondent aujourd’hui le sol africain. Une fois brûlés dans des décharges, plus de 1.000 substances telles que le Plomb, le Cadmium et le Mercure,  présentes dans ces déchets sont ainsi libérées dans les écosystèmes. 

Le déversement et le recyclage des déchets électroniques en Afrique représentent un risque particulièrement grave, puisque l’exposition des enfants aux produits chimiques toxiques ainsi libérés est particulièrement préoccupante. 

Certains pays occidentaux qui ont des moyens de suivi et de contrôle plus performants ont adopté des législations visant à interdire certains produits chimiques, à cause de leur dangerosité avérée sur l’environnement et la santé humaine. Mais ces produits sont déversés en Afrique avec des autorisations délivrées par les autorités habilitées.  

Face à l’aggravation de cette menace, tant pour les pays que pour leurs habitants, compte tenu des graves problèmes que ces produits pourraient causer en matière de santé et d’environnement, la nécessité de renforcer les législations nationales, de manière à interdire l’importation de certains produits et équipements dangereux, est un impératif. Pour ce faire, outre les mesures prises au niveau national, nous disposons de plusieurs accords et programmes internationaux mis en place afin de faire face aux risques liés aux produits chimiques et déchets dangereux. Parmi ces accords, nous pouvons citer les Conventions de Bâle, Rotterdam, Stockholm et Minamata. 

Malgré tous leurs efforts, nos Etats, en proie à de multiples difficultés socio-économiques, ne peuvent seuls faire face aux énormes défis environnementaux. C’est pourquoi, j’appelle à plus de solidarité, à une coopération plus efficiente et dynamique de la part de la communauté internationale, directement concernée par la gestion des produits chimiques et des déchets dangereux. 

Aussi, je voudrais ici rappeler que les pays africains ont adopté en août 2008 une Déclaration portant sur la Santé et l’Environnement en Afrique, appelée « Déclaration de Libreville » à travers laquelle, ils se sont engagés à mettre en œuvre onze (11) actions prioritaires.

A cet égard, le rôle des professionnels des médias en incontournable. Il vous revient certes d’informer l’opinion sur la réalité et les risques des pollutions chimiques, amplifiant et accompagnant en cela l’action des pouvoirs publics. Mais il vous revient aussi de dire ce qui ne va pas et d’attirer l’attention de ces mêmes pouvoirs publics quand cela est utile et nécessaires. C’est ainsi que vous remplissez votre devoir citoyen d’écologisation des esprits et des comportements. 

Paule Kadja TRAORE

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