À la CSW 2025, Badjene Astou Mbengue a captivé l’audience en exposant avec clarté et conviction l’impact crucial des acteurs communautaires sur les budgets des collectivités territoriales. Son intervention a mis en lumière une vérité souvent sous-estimée : la mobilisation citoyenne et le plaidoyer structuré transforment concrètement les politiques publiques locales.
Des budgets participatifs au service des citoyens
Dans un monde où les décisions budgétaires sont encore trop souvent prises sans réelle consultation des populations, le travail des organisations communautaires s’avère déterminant. Astou Mbengue a illustré comment les données collectées auprès des populations permettent d’appuyer un plaidoyer efficace en faveur de politiques basées sur des preuves tangibles. Grâce à ces analyses, les élus locaux peuvent mieux intégrer les besoins des groupes vulnérables, notamment les femmes, les jeunes et les personnes en situation de handicap, dans leurs décisions budgétaires.
Cependant, un défi majeur persiste : la compréhension des budgets par les citoyens eux-mêmes. « Trop de personnes imaginent encore que le budget municipal est une caisse remplie d’argent à disposition des élus », a-t-elle souligné. Cette méconnaissance des processus budgétaires nuit à l’implication des citoyens et limite la transparence des décisions locales. D’où l’importance, selon elle, de renforcer les capacités des communautés sur la planification et l’exécution budgétaire.
Un plaidoyer pour une réforme de la nomenclature budgétaire
Autre écueil pointé par Astou Mbengue : la rigidité des nomenclatures budgétaires actuelles. Trop contraignantes et parfois obsolètes, elles sont souvent utilisées comme un prétexte par les décideurs pour ne pas répondre à certains besoins urgents des populations. Elle appelle ainsi à un plaidoyer soutenu en faveur de leur réforme, afin que les budgets reflètent réellement les priorités locales.
Une collaboration gagnant-gagnant avec l’État
La Fédération Sénégalaise des Habitants (FSH), dont Astou Mbengue est une figure de proue, illustre parfaitement la force d’une collaboration constructive entre la société civile et les collectivités territoriales. En structurant un dialogue régulier avec les élus locaux, la FSH agit comme un pont entre les populations vulnérables et les décideurs.
Mieux encore, elle ne se contente pas de porter les revendications des citoyens : elle participe activement aux solutions. Par exemple, en réalisant des infrastructures d’assainissement via un financement participatif associant les groupements de femmes, des partenaires techniques et financiers, ainsi que les municipalités, la FSH prouve que les actions communautaires peuvent être des moteurs de développement local. Une fois ces ouvrages finalisés, ils sont restitués symboliquement aux collectivités, soulignant ainsi la valeur du partenariat.
Redonner du sens à la gouvernance locale
Au-delà des réalisations concrètes, l’engagement de la FSH contribue à « humaniser l’État », selon les mots de Badjene Astou Mbengue. « Il n’y a pas de gouvernement sans gouvernés », rappelle-t-elle, appelant les élus à toujours porter les aspirations citoyennes au cœur de leurs décisions. En favorisant une gouvernance basée sur la confiance, la collaboration et la cocréation, ces initiatives redonnent du sens à l’action publique et replacent les citoyens au centre du processus décisionnel.
L’intervention de Badjene Astou Mbengue à la CSW 2025 résonne comme un appel à poursuivre et intensifier ces efforts. Car un budget local n’est pas qu’une simple ligne comptable : il est le reflet des besoins, des aspirations et de l’avenir des communautés qu’il doit servir.
Paule Kadja TRAORE
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