Momar Diongue : «Le nouveau code n’a été motivé que par le souci de dépénalisation des délits de presse»

L’arrestation du journaliste Pape Alé Niang a relancé le débat sur la liberté de la presse au Sénégal. Loin d’un quelconque corporatisme, son confrère Momar Diongue estime que l’inculpation du directeur du site Dakarmatin «ne se justifie pas».
 
 Selon lui, si l’esprit du nouveau code qui régente le secteur des médias au Sénégal avait été respecté, cette situation n’aurait jamais lieu. «Le nouveau code n’a été motivé que par le souci de dépénalisation des délits de presse», révèle Mamor Diongue sur les ondes de Sud FM, ce dimanche.
 
Non sans revenir en détail sur l’histoire qui a sous-tendu l’élaboration du nouveau Code de la presse, dont l’esprit était essentiellement de dépénaliser les délits d’opinion dans les médias sénégalais. «Je rappelle que c’est Abdoulaye Wade qui, en Conseil des ministres le 16 septembre 2010, avait demandé à son gouvernement d’examiner le projet de loi sur la dépénalisation des délits de presse. C’était à la suite d’une pression exercée sur le gouvernement à l’époque par toute la corporation. Une exigence entendue par la communauté internationale qui, à son tour, avait mis la pression au président Wade. À l’époque, Bacar Dia était ministre de la Communication et avait comme conseiller le doyen Mamadou Kassé (ex-DG du « Soleil »)», raconte le directeur de publication du «Vrai journal».
Momar Diongue souligne qu’il s’agissait, à travers un nouveau code, de «lever une discrimination qui frappait le journaliste. Parce que tous les jours que Dieu fait, il y a des corporations qui font des erreurs dans l’exercice de leur profession et qui ne vont pas systématiquement en prison. Tous les jours, on peut voir, par exemple, un médecin qui peut faire un mauvais diagnostic, mais cela ne lui vaut pas systématiquement la prison. Donc, je ne vois pas pourquoi le journaliste qui fait une erreur dans l’information qu’il manipule tous les jours doit systématiquement aller en prison».
 
Ainsi, poursuit Diongue dans son argumentaire, pour éviter les abus et mettre garde-fous, «le président Wade avait demandé à son ministre de la Communication Bacar Dia de travailler sur un nouveau code de la presse qui aurait consisté à redéfinir le statut du journaliste et le statut de l’organe de presse, pour qu’il ne puisse pas y arriver que n’importe qui fasse d’importe quoi en étant sous le couvert de la loi dépénalisant les délits de presse».
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