Marine Le Pen empêchée, le retour du « plan B » comme Bardella pour la présidentielle

Sa « candidate naturelle » empêchée à ce stade pour l’élection présidentielle de 2027, le Rassemblement national va devoir trancher entre maintenir Marine Le Pen comme sa championne ou mettre en place l’hypothèse Jordan Bardella.
Marine Le Pen pourrait-elle renoncer? Invitée lundi soir au 20H de TF1, la triple candidate à la présidentielle devrait s’exprimer sur la pérennité de ses ambitions élyséennes, forcément grevées depuis qu’elle a été déclarée inéligible pour une durée de cinq ans avec effet immédiat lundi matin.
Quelques heures plus tôt, le vice-président du parti Louis Aliot considérait en tout cas sur TF1 que ce n’était pas « son caractère, ni sa volonté », de vouloir « tout arrêter ».
La configuration politique qui procède du jugement du tribunal correctionnel de Paris pose néanmoins de nombreuses difficultés.
« Si elle est condamnée à l’exécution provisoire, ça fait une préparation à la présidentielle particulière, quand même », admettait la semaine dernière un député RN, évoquant une « épée de Damoclès » à la limite du soutenable.
Seule, désormais, une décision de la Cour d’appel davantage clémente, ou à tout le moins non-assortie d’une exécution immédiate, pourrait permettre à Marine Le Pen de mener à terme cette quatrième campagne présidentielle. A condition que le procès soit programmé dans un délai suffisamment rapproché.
Le Rassemblement national peut-il prendre ce risque? « Il ne fait pas mystère qu’aujourd’hui Jordan Bardella serait le mieux placé, évidemment, pour succéder (à Marine Le Pen) à une candidature à la présidentielle », a glissé lundi matin Louis Aliot avant le jugement, alors que le sujet était encore tabou ces derniers jours chez les cadres du parti à la flamme.
– « Ce que je cherche » –A 29 ans, l’enfant chéri de l’extrême droite française voit ainsi à nouveau sa carrière prendre un tournant inattendu.
Celui à qui Marine Le Pen avait promis Matignon en cas de victoire du RN aux législatives de l’été dernier, ou d’elle-même à l’Elysée avait certes déjà été présenté comme un « recours ».
L’hypothèse se voulait toutefois improbable: « Je peux être renversée par un camion en traversant la rue », se contentait de justifier Marine Le Pen.
Reste que depuis qu’il lui a succédé à la tête du parti, en novembre 2023, Jordan Bardella s’est peu à peu construit une image de leader, davantage que la simple « complémentarité » qu’a jusqu’alors décrite Marine Le Pen.
Arrivé en tête lors des européennes de juin, il a donné au RN le meilleur score de son histoire, 31,37%. Encore davantage un mois plus tard, au terme de législatives anticipées qu’il avait lui-même réclamées: 37,17?% ?au second tour pour les candidats RN et leurs alliés ciottistes.
L’ancien colleur d’affiches de Seine-Saint-Denis, qui aime à jouer l’ingénu « né en 1995 » pour mieux renvoyer le sulfureux passé du Front national et les outrances de Jean-Marie Le Pen, a d’ailleurs une singularité: il est le premier patron du parti à ne pas porter ce patronyme réputé repoussoir pour une partie de l’électorat.
Il tente aujourd’hui de « réunir dans un même élan les Français issus de la classe populaire et une partie de la bourgeoisie conservatrice » pour faire « l’unité du camp patriote, par une capacité à agréger les orphelins d’une droite plus orléaniste », tel qu’il l’a écrit dans un livre sorti à l’automne, « Ce que je sais » (Fayard).
Entre les deux, nulle distension pour autant, ont-ils toujours assuré. Et malheur à ceux qui se sont essayés de critiquer le « fils spirituel » pour s’attirer les faveurs de la « patronne »: Marine Le Pen a fait savoir qu’elle considérait les attaques contre son poulain comme des agressions contre sa propre personne.
– Bon sondage –Reste que l’équation ne fonctionnait que dans le cadre d’un binôme, Marine Le Pen étant toujours restée « la candidate naturelle » du parti pour la présidentielle.
Lui, candidat? « Je crois qu’il n’a pas encore toutes les qualités requises », doutait il y a encore quelques semaines un député pourtant proche. « Il y a une doctrine de Marine, pas de doctrine de Jordan Bardella », se montrait encore plus incisif un autre élu RN, pointant par ailleurs « une image de popstar qu’il serait bon de faire évoluer ».
Jordan Bardella a gardé pourtant quelques atouts de sa manche: dans une étude Odoxa parue lundi avant le jugement, celui qui aura 30 ans en septembre est davantage apprécié (30%) par les Français que Marine Le Pen (16%). Et chez les seuls sympathisants RN, il lui est préféré à 60%, contre 32% pour la députée du Pas-de-Calais.
« Et puis surtout, lui n’est pas inquiété par la justice », complète un proche.

 AFP

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