MANQUE DE TOILETTES DANS LES LIEUX PUBLICS: Une atteinte à la dignité humaine

C’est quasiment impossible de trouver de toilettes publiques dans la capitale sénégalaise et sa banlieue. Le centre ville (Dakar), lieu fréquenté par des milliers d’individus, ne fait pas l’exception. La mésaventure de Dieynabou Sylla, une vendeuse à la sauvette, en est une parfaite illustration. «Tous les jours, je viens écouler mon stock de cartes de recharges téléphoniques au niveau de la corniche (situé au niveau du centre ville). Nous profitons de la densité de la circulation pour nous approcher des automobilistes qui sont nos principaux cibles dans ces lieux ». Toutefois, narre notre interlocutrice, s’il est facile d’écouler nos marchandises ici, il est par contre impossible d’avoir accès aux toilettes pour se soulager. «Y’a pas de toilettes publiques dans ce lieu, certes, aux alentours y’en des immeubles occupés par des travailleurs ou des familles, mais ils n’ouvrent pas leurs portes à des étrangers, de surcroît, ceux qui veulent utiliser leur toilettes ». Aussi, pour Dieynaba et ses camarades, la seule alternative qui se présente à eux est la défection à l’air libre. «Heureusement que la mer n’est pas loin de la corniche, c’est le seul endroit qui s’offre à nous, aussi nous s’y rendons en cas de besoin pour nous soulager » avoue la jeune fille qui ne se soucie guère des conséquences de son acte. La jeune reporter journaliste, Awa Niang a pour sa part trouvé un autre astuce pour pouvoir accéder aux toilettes en toute quiétude, lorsqu’elle se retrouve au niveau du centre ville. Son créneau est de s’inscrire au centre culturel français. Ainsi, avec sa carte de membre en poche, les portes du lieu culturel, lui sont ouvertes sans difficulté. « Je ne peux pas me permettre de rater un reportage ou un entretien au niveau du centre ville, sous prétexte qu’il ya pas de toilettes publiques (malgré que c’est pas une évidence pour tout le monde) pour me soulager si l’envie m’en prends. Et l’idée de m’inscrire au CCF, m’est venu à force d’user le niet des riverains et même de certaines société de la place, notamment les banques. Aujourd’hui, avec ma carte de membre je n’ai pas besoin de demander la permission pour disposer des toilettes. Au niveau des marchés et des écoles également, clients, vendeurs et élèves font face à ces genres de difficultés. Car, même si les toilettes sont existantes dans ces lieux, leurs états d’insalubrité les rendent impraticables. Aissatou Lô, vendeuse de légumes soutient qu’en période de menstrues, elle est oblige de rester chez elle et ainsi perdre trois jours de travail. Un fait qui aura pour effet de faire baisser son économie. « Je n’ai pas le choix, tous les mois, je m’absente au moins trois jours le temps que dure ma période menstrues, pour la simple raison que les toilettes du marché ne sont pas adéquates. En plus d’être sale, il manque souvent d’eau propre. Alors que nous payons, chaque jour les taxes municipaux » peste t-elle. Eléve en classe de Cm2, Fatou Sow, 12 ans a déjà ces régles. Ne disposant pas d’eau dans les toilettes de son école, l’écolière se dit obligé de squater les maisons environnantes de son établissment. Une situation qu’elle juge très gênante. « C’est une atteinte à notre dignité, en demandant à utiliser les toilettes des autres, on s’oblige à soutenir leurs regards dés fois moqueur, alors que l’école devait nous garantir des toilettes propres avec de l’eau à notre disposition »se plaint Fatou Sow. Ce, 19 novembre 2018, le Sénégal à l’instar des autres pays du monde célèbre la journée mondiale des toilettes. Toutefois, malgré les efforts consentis par l’Etat, pour améliorer l’assainissement, beaucoup de famille n’ont toujours pas accés aux toilettes.

«L’hygiène est une question de dignité»
De l’assainissement dépendent pourtant de nombreux enjeux tels que la santé évidemment mais aussi la sécurité, la dignité et même l’égalité des sexes. Le manque d’hygiène créé un environnement favorable à des épidémies comme le choléra ou la typhoïde qui coûtent des millions de francs Cfa à soigner. Un système d’assainissement performant est donc l’une des conditions premières du développement socioéconomique d’un pays. C’est ce qu’a expliqué, entre autres, M. Mbaye directeur de l’Assainissement, selon qui, « un environnement qui manque d’eau potable et d’assainissement est environnement où poursuivre d’autres objectifs de développement est un rêve inatteignable. » Avant d’en conclure « le temps est venu d’agir ». Pour sa part, le directeur exécutif du CICODEV, Amadou Kanouté a dénoncé, lors d’une interview avec radio française (RFI) l’arbitrages purement politiciens : « Les politiques d’assainissement ne les intéressent pas, tout simplement car c’est pas visible, et en plus de celà ce sont des tuyaux enfouis sous terre. Ce qui les intéresse ce sont des monuments, des routes parce que ça peut rapporter gros en termes de dividendes politiques lors des élections ».
Paule Kadja TRAORE

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