Mali : investi président, Assimi Goïta nomme son premier ministre

Après son deuxième coup d’Etat en neuf mois, le colonel, officiellement investi lundi, a insisté, lors de son premier grand discours public, sur sa « responsabilité historique » à « sécuriser » le pays.

Une boucle bouclée et une clarification. Lundi 7 juin, après son deuxième coup d’Etat en neuf mois, le colonel Assimi Goïta, 38 ans, passé du treillis de camouflage à l’uniforme d’apparat, a été officiellement investi président de la transition par la Cour suprême du Mali.

Quelques heures plus tard, le nouveau chef de l’Etat a levé le peu de mystère qui subsistait sur le nom de son premier ministre en nommant Choguel Kokalla Maïga, le président du comité stratégique du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques. Ce regroupement d’organisations et de partis d’opposition avait amorcé la contestation populaire contre le président Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK », au printemps 2020, « parachevée » par le putsch du colonel Goïta et de quatre autres officiers.

Depuis, le pouvoir civil, qui devait masquer la prééminence des militaires, a lui aussi été renversé et, après « ce coup d’Etat dans le coup d’Etat », selon les mots du président français, Emmanuel Macron, les deux tombeurs du régime d’« IBK » se retrouvent désormais à la tête du pays.

Soucieux de se libérer de la pression de la communauté internationale, le colonel Assimi Goïta a, lors de sa prestation de serment, promis « l’organisation d’élections crédibles, justes et transparentes aux échéances prévues [le 27 février 2022] » et « la mise en œuvre intelligente et efficiente de l’accord de paix » d’Alger – signé en 2015 avec les ex-groupes rebelles du nord du pays.

Un profil qui inquiète

Mutiques durant la cérémonie de lundi, les diplomates avaient condamné le coup d’Etat du 24 mai, exclu le Mali des instances africaines et pris, pour certains, quelques sanctions – la suspension de sa coopération militaire bilatérale pour Paris. Mais ils n’ont pu finalement qu’observer, impuissants, son instigateur principal se faire proclamer président. La France comme l’Union africaine (UA) et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) n’ont, pour l’heure, pas levé leurs mesures restrictives.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Mali : Paris suspend sa coopération militaire avec Bamako afin de faire pression sur la junte

Le nouveau chef de l’Etat s’est conformé par les mots aux principales réclamations des partenaires internationaux. Mais tous attendent que les actes suivent. Le médiateur de la Cedeao, Goodluck Jonathan, est attendu mardi à Bamako.

Le profil du nouveau premier ministre, Choguel Kokalla Maïga, inquiète certains. Formé en Biélorussie et en Russie, il fut de tous les pouvoirs et de toutes les oppositions ; ce professionnel de la politique a su montrer en vingt-cinq ans de carrière une certaine capacité d’adaptation aux événements. Défenseur de l’œuvre du dictateur Moussa Traoré, qui, il y a quelques mois, qualifiait pourtant les institutions de la transition de « régime militaire déguisé », ils’est finalement « félicité de la nouvelle dynamique de rectification », lorsque les putschistes ont démis le président Bah N’Daw et son premier ministre, Moctar Ouane.

Lemonde.fr

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