Loi d’interprétation de l’amnistie de 2024 : Anta Babacar Ngom Diack annonce une saisine du Conseil constitutionnel cas d’adoption du texte

Avec une gravité solennelle, Anta Babacar Ngom Diack, présidente du parti Alternative pour la Relève Citoyenne (ARC) et députée non inscrite, a pris la parole via ses plateformes numériques pour alerter sur la proposition de loi d’interprétation de l’amnistie de 2024, qui sera débattue à l’Assemblée nationale ce 2 avril 2025. Pour la parlementaire, ce texte représente « un tournant sombre pour notre démocratie encore fragile ».

Anta Babacar souligne le fossé entre les promesses ambitieuses de « rupture systémique » portées par le président Bassirou Diomaye Faye lors de son investiture, il y a un an jour pour jour, et la réalité actuelle. « Ce souffle d’espoir vacille », déplore-t-elle, accusant la majorité parlementaire de préparer « une faute morale majeure » en détournant l’esprit initial de la loi d’amnistie pour instaurer une justice sélective. Elle qualifie cette initiative de « bricolage législatif », une tentative déguisée de « vendetta politique » : « Une manœuvre désespérée pour rouvrir en catimini ce que la République avait clos avec solennité. »
Sur le plan juridique, elle pointe une incohérence criante : les crimes visés par cette interprétation, relevant du droit international, sont imprescriptibles et exclus des amnisties nationales. « Pourquoi réinterpréter une loi déjà claire, sinon pour façonner une justice à géométrie variable, orchestrer un règlement de comptes discret ou offrir une immunité sur mesure ? », s’interroge-t-elle avec force.
Exprimant une profonde empathie pour les victimes des violences politiques, Anta Babacar défend une justice équitable, indépendante des calculs politiciens. « Ce n’est ni ce que les Sénégalais attendaient, ni ce pour quoi ils se sont mobilisés et sacrifiés », martèle-t-elle. Pour dépasser cette crise morale et politique, elle propose l’abrogation totale de la loi d’amnistie et l’organisation de consultations nationales visant à créer une commission « Vérité et Réconciliation », sur le modèle sud-africain. « Pardonner, ce n’est pas oublier. C’est briser les chaînes du passé pour choisir l’espoir », affirme-t-elle.
En appelant les députés à la responsabilité, elle les exhorte : « Il est encore temps de se lever, non pour un parti, mais pour la Justice ; non pour une revanche, mais pour la République. » Enfin, elle avertit qu’en cas d’adoption, les députés de l’opposition saisiront le Conseil constitutionnel pour contester cette loi, dénonçant une atteinte aux principes fondamentaux de sécurité juridique, d’égalité devant la loi et de respect de l’intention originelle du législateur.

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