Le Sénégal se noie dans la troisième vague : entre l’impossible restauration de l’état d’urgence et l’absence de quantité suffisante de vaccins, que faire ?

La propagation du coronavirus est à sa vitesse de croisière au Sénégal. Ce mercredi 14 juillet, un autre record a été battu. Celui des infections enregistrées par jour. Sur 2.854 tests réalisés, 733 cas sont revenus positifs, soit un taux de positivité de 25,68 %, rapporte le ministère de la Santé. Le doute n’est plus permis. La troisième vague est là !

Paradoxalement, personne ne s’émeut de cette situation. Hormis les appels à la « responsabilité » et au « respect des mesures barrières », aucune mesure n’est envisagée du côté des décideurs. En tout cas pas pour l’heure. La question qui jaillit est de savoir si les autorités vont laisser la situation pourrir ? Vont-elles continuer à faire la sourde oreille face à ce qui s’annonce comme une hécatombe même si pour l’heure 1. 203 personnes sont officiellement décédées du coronavirus dans nos murs ?

En tant que décideurs, il appartient au Président de la République et à ses collaborateurs de déterminer la marche à suivre. C’est ce qu’ils ont fait jusqu’à une certaine période. 

Après l’apparition du coronavirus au Sénégal le 02 mars 2020, les autorités ont pris les décisions idoines pour combattre cet ennemi invisible. Les cas suspects sont systématiquement isolés et testés alors que ceux d’entre eux qui se sont révélés positifs sont pris en charge dans des CTE. À côté de cette prise en charge sanitaire, des mesures dites non sanitaires sont mises en œuvre à l’image de l’état d’urgence assorti d’un couvre-feu décrété à partir du 24 mars. Même les lieux de culte ont été fermés pour mettre hors d’état de nuire le virus. Mais au bout de quelques mois, les restrictions se sont révélées très nuisibles pour l’économie nationale. D’ailleurs, les populations n’ont pas tardé à le faire savoir en défiant les forces de sécurité chargé de faire respecter le couvre-feu aux allures d’un semi-confinement. Lundi 29 juin, le chef de l’État annonce la levée de l’état d’urgence et le couvre-feu y afférent.

Il n’empêche, lorsqu’une deuxième vague s’est déclarée au Sénégal, le président de la République a une nouvelle fois pris ses responsabilités et a réinstauré l’état d’urgence accompagné d’un couvre-feu dans deux régions. Dakar et Thiès. Mais ce semi-confinement entériné alors que le pays venait de dépasser 20.000 cas pour 438 décès passe difficilement auprès des populations de ces deux régions. Les affrontements du début vont céder la place à une émeute lorsque l’opposant Ousmane Sonko, accusé de viol par une jeune femme est menacé d’emprisonnement. La situation s’envenime. Prenant la mesure de la donne qui risquait d’empirer, le président de la République allège le couvre-feu qui passe de minuit à 5 heures du matin au lieu de 21 heures à 5 heures. Le 19 mars, l’état d’urgence qui a été renouvelé une fois connaît son épilogue. Les Dakarois et Thiessois sont enfin « libérés » et peuvent vaquer à leurs occupations. Pourtant, l’épidémie n’avait pas été déclarée terminée. Seulement, le pays avait déjà commencé sa campagne de vaccination depuis le 23 février avec 200 000 doses de Sinopharm, comptait sur les doses attendues de l’Initiative Covax pour immuniser les cibles prioritaires, à savoir 3 millions de sénégalais. Notre pays déclarait 36.195 cas et 935 décès.

Détecté pour la première fois en Inde, le variant Delta, 60 % plus contagieux que le variant Alpha arrive au Sénégal. L’Institut Pasteur de Dakar et l’Institut de recherche en santé, de surveillance épidémiologique et de formation (IRESSEF) le retrouvent dans les échantillons séquencés. 

Au regard de cette remontée de la pente jamais connue, le gouvernement du Sénégal semble dans le tâtonnement alors que cette situation appelle des décisions fermes. À défaut de décréter un couvre-feu qui risquerait de mettre de nouveau le Sénégal à feu et à sang, les rassemblements doivent être interdits. C’est d’ailleurs ce à quoi invite le syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal (SAMES) les autorités pour « freiner cette vague de contamination ». Ces professionnels de la Santé redoutent une tension de lits dans les structures sanitaires si rien n’est fait pour mettre un terme à cette avancée spectaculaire du virus. 

Lors d’une émission télévisée, Abdoulaye Diouf Sarr et les directeurs des services décentralisés ont tenté, vainement de donner des assurances quant à la disponibilité de l’oxygène dans les CTE. Aujourd’hui, la situation n’a jamais été aussi alarmante. Elle l’aurait été moins si le Sénégal avait suffisamment de doses pour vacciner sa population. 

Dakaractu

À l’heure actuelle, 590.969 doses ont été administrées. Or l’objectif, était d’atteindre au minimum 3 millions de personnes avant la fin de l’année. Pour rassurer les candidats à la deuxième dose et les non encore vaccinés, le directeur de la Prévention a annoncé l’arrivée prochaine de 5 millions de doses de Johnson et Johnson, 6 697 000 de doses de l’initiative Covax, 2 millions de doses de Moderna. Il ajoutait : « dans les prochains jours, nous allons recevoir 168 000 doses de Johnson et Johnson. Une commande est aussi en instance pour plus de 200 000 autres doses prochaines ».

Le vaccin Janssen de Johnson et Johnson ne nécessite qu’une dose. Mais jusque-là, ce ne sont que des annonces. Or, la guerre contre le coronavirus nécessite des actes que les autorités étatiques ont du mal à poser depuis le début de la troisième vague. 

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