Hygiène menstruelle : près de 100 jeunes filles formées à déconstruire les stéréotypes

La santé et l’hygiène menstruelle restent encore un sujet tabou au Sénégal. Pour de nombreuses jeunes filles, les règles sont synonymes de honte, de peur et d’isolement. Un manque de sensibilisation, combiné à l’absence de produits sanitaires, et d’infrastructures adaptées, entraîne des conséquences graves, interruptions scolaires, atteintes à la dignité, risques sanitaires et marginalisation sociale.

Selon les chiffres du ministère de la Santé et de l’Action sociale, plus de 83 % des jeunes filles ne sont pas bien préparées à accueillir sereinement leurs premières règles. Une réalité que la sage-femme Ramatoulaye Samb a décrite en marge d’un Amphi pédagogique organisé au lycée John Fitzgerald Kennedy, à Dakar. Cela, dans le cadre d’une initiative portée par l’Association des Journalistes en Santé, Population et Développement (AJSPD) avec le soutien de la Fondation Bill et Melinda Gates. L’association a par ailleurs offert un important lot de serviettes hygiéniques pour accompagner les jeunes filles. Un geste hautement salué par les autorités scolaires.
Briser le silence autour des règles
L’événement visait à déconstruire les stéréotypes et à offrir aux élèves une meilleure compréhension de leur cycle menstruel. Ramatoulaye Samb a rappelé les réalités du terrain. « Certaines jeunes filles, faute de serviettes hygiéniques, utilisent encore des tissus usés, des feuilles, voire de la boue pour se protéger. Ces pratiques, en plus d’être dangereuses, peuvent engendrer des infections urinaires et génitales, compromettant à long terme la santé reproductive » dit-elle. Avant d’ajouter : « Une mauvaise gestion des règles peut entraîner des complications graves, allant des infections chroniques à l’infertilité. Il est temps d’accepter les menstruations comme une réalité physiologique normale », a-t-elle insisté devant les élèves. La précarité menstruelle, qui touche environ 500 millions de femmes et filles dans le monde, est un enjeu de santé publique et d’équité. Elle ne se limite pas à l’accès aux serviettes hygiéniques, mais inclut aussi l’éducation, les infrastructures et l’élimination sécurisée des déchets. Les tabous culturels, souvent transmis de génération en génération, aggravent la situation. « Le silence autour des règles est un facteur de discrimination. Il faut en parler, informer, et surtout préparer psychologiquement les filles à cette étape naturelle de leur vie », a insisté Mme Samb.

Un engagement institutionnel pour des conditions dignes
« Le lycée JFK, fleuron de l’éducation féminine au Sénégal, s’est engagé depuis plusieurs années pour améliorer la gestion de l’hygiène menstruelle ». En effet, la proviseure Fatimata Sow a souligné les efforts consentis : rénovation des blocs sanitaires, amélioration du réseau d’eau, distribution gratuite de serviettes hygiéniques via les surveillances, l’infirmerie et l’administration. « Aucune fille ne doit rentrer chez elle parce qu’elle a ses règles. Nous faisons tout pour leur permettre de rester en classe et de suivre normalement les cours », a-t-elle affirmé.
À travers des échanges directs, des explications biologiques sur le cycle menstruel et des conseils pratiques, l’amphi pédagogique a permis aux élèves de poser des questions et de mieux comprendre leur corps. Le message principal était clair : les règles ne sont ni une maladie ni une malédiction. Elles ne doivent pas être un frein à l’éducation.

Seneweb

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *