Gouvernance extractive : Journalistes et gouvernement s’unissent pour la transparence

À l’heure où le Sénégal entre dans une nouvelle ère énergétique, avec la production de ses premiers barils de pétrole et ses exportations de gaz naturel liquéfié, l’importance de la transparence n’a jamais été aussi cruciale. Réunis lors d’un séminaire, journalistes spécialisés et autorités publiques ont affiché une volonté commune : bâtir une gouvernance extractive ouverte, rigoureuse et durable.

En ouvrant les travaux, Youssouph Bodian, président de l’Association des Journalistes pour la Transparence dans les Ressources Extractives et la Préservation de l’Environnement (AJTREPE), a d’emblée donné le ton : « Notre rôle n’est pas seulement d’informer, mais d’interroger, de comprendre et de transmettre les enjeux « . Fort de ses 50 membres répartis sur tout le territoire, AJTREPE entend bien peser dans la construction d’une culture de la redevabilité.

Félicitant les efforts déjà consentis par le ministère du Pétrole et du Gaz, notamment à travers la publication régulière de bulletins d’information et l’ouverture numérique, le président de l’AJTREPE n’a pas pour autant éludé les défis restants. Il a plaidé pour un accès plus fluide aux données publiques, la désignation de points focaux presse au sein des agences, la mise à disposition proactive des documents clés, et l’accompagnement des journalistes régionaux.  » Nous serons des partenaires critiques, mais toujours constructifs, engagés pour l’intérêt général « , a-t-il insisté.

Face à cette interpellation mesurée, le ministre du Pétrole et du Gaz, Biram Souley Diop, a répondu avec franchise et engagement :  » La bonne gouvernance est un choix, et nous l’avons fait. La transparence ne doit pas être un slogan, mais une pratique vivante, vérifiable et perfectible ».

Mettant en avant les avancées réalisées adhésion à l’ITIE, publication des contrats, création d’un fonds intergénérationnel, le ministre a reconnu que la route reste longue et semée d’embûches, notamment face aux risques de désinformation. Il a salué le rôle de la presse spécialisée  » vigie de l’intérêt public « , et a appelé à un journalisme de vérité, de rigueur et d’éthique.

Dans un geste fort, il a annoncé en exclusivité des chiffres majeurs : la vente record de 3,8 millions de barils pour le champ pétrolier de Sangomar en avril, la première cargaison de gaz naturel liquéfié exportée du projet GTA (163 259 m³), et des résultats de production prometteurs à Gadiaga.

Conscient de l’importance du traitement de l’information dans le secteur extractif, Souley Diop a proposé un pacte clair :  » En contrepartie de votre intégrité, nous vous proposons la transparence « . Tous les acteurs du secteur énergie, hydrocarbures, mines ont été mis à la disposition des journalistes pour répondre, sans tabou, à leurs questions.

Il a aussi mis en garde :  » La malédiction des ressources commence souvent par une perception publique faussée. Nous devons bâtir ensemble un regard lucide, étayé par des données fiables « .

Vers une nouvelle ère de gouvernance citoyenne

Cette rencontre marque un tournant. Elle ancre la conviction partagée que le développement du Sénégal ne se fera pas uniquement dans les chiffres de production, mais aussi dans la qualité du débat public, la confiance des citoyens et l’exigence d’une gouvernance responsable.

Dans cet esprit, journalistes spécialisés et pouvoirs publics entendent multiplier les échanges, renforcer les capacités et promouvoir l’excellence journalistique, notamment à travers la création annoncée d’un Prix annuel récompensant les meilleures productions sur le secteur extractif.

Comme l’a résumé Youssouph Bodian : « L’histoire qui s’écrit aujourd’hui ne sera belle que si elle est partagée, expliquée et comprise par tous les Sénégalais « .

Paule Kadja TRAORE

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