Fou Malade :  »Je ne veux pas le pouvoir, je veux qu’on écoute le hip-hop »

Porté par son engagement de longue date et sa plume acérée, Fou Malade, rappeur et membre fondateur du mouvement Y en a marre, lance une nouvelle plateforme baptisée Jeuf. Objectif : faire du hip-hop un levier d’influence politique sans passer par les urnes. Une autre manière de faire entendre la voix des oubliés du système.

Figure incontournable du rap engagé au Sénégal, Malal Talla, plus connu sous le nom de Fou Malade, amorce un nouveau virage dans son engagement. Sans renier ses fondamentaux artistiques, l’artiste annonce la création d’une plateforme dénommée ‘Jeuf’, avec l’ambition claire de positionner le hip-hop dans le débat politique national.

Dans un entretien accordé à L’Observateur, le rappeur tient à clarifier : il ne s’agit pas pour lui de se lancer dans la politique au sens classique. « Je n’ai pas décidé de m’engager en politique. En fait, j’ai décidé de positionner le hip-hop en politique. Il y a nuance, » insiste-t-il. Pour Fou Malade, l’enjeu n’est pas de briguer des suffrages ni de chercher à conquérir le pouvoir, mais bien de renforcer l’influence d’un mouvement culturel qui, depuis ses origines, a toujours porté la voix des sans-voix.

Né dans le Bronx il y a cinquante ans, le hip-hop est pour lui un outil de résilience devenu universel. Une culture qui lui a tout offert et à laquelle il entend désormais rendre en facilitant son impact dans la sphère décisionnelle. « Je veux faire partie de ceux qui vont positionner les actions hip-hop, afin que le hip-hop puisse encore continuer à influencer les décisions politiques, » affirme-t-il avec conviction.

Et pour cause, selon Fou Malade, le hip-hop dispose d’un atout que bien des partis politiques traditionnels peinent à cultiver : la proximité avec les réalités du terrain. « Le hip-hop vit au quotidien les problèmes des populations et les relaie à une échelle beaucoup plus large, » explique-t-il. Artistes, rappeurs, danseurs, graffeurs ou beatmakers, tous sont pour lui des « amplificateurs » des problématiques sociales, capables de transformer une indignation en message fort, porté par une œuvre artistique.

La plateforme ‘Jeuf’ ambitionne donc de devenir un pont entre ces jeunes créateurs issus de la culture urbaine et les sphères de décision. Un espace d’échange, de réflexion et d’action qui pourrait bien redessiner les contours de l’engagement citoyen au Sénégal. Pour Fou Malade, une chose est certaine : «Il faut que nos autorités soient à jour».

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