Au Texas comme dans d’autres États américains, la majorité des maisons sont construites en bois. Un choix architectural et économique qui interroge, surtout dans un pays fréquemment frappé par des incendies dévastateurs. Pourquoi ce matériau combustible reste-t-il pourtant si prisé ? Décryptage.
Une tradition bien ancrée
Houston- Aux États-Unis, et particulièrement au Texas, le bois est roi. Qu’il s’agisse de banlieues résidentielles, de maisons familiales ou de lotissements entiers, la construction en bois est omniprésente. Ce choix, qui peut sembler risqué à première vue dans un pays où les incendies de forêt ravagent chaque année des milliers d’hectares, s’explique par une combinaison de facteurs économiques, culturels et réglementaires.
Un choix économique avant tout
Construire en bois coûte bien moins cher que le béton ou la brique. Aux États-Unis, la disponibilité abondante du bois local, combinée à une chaîne d’approvisionnement très rodée, en fait un matériau rapide à obtenir et facile à travailler. Une maison en bois peut être érigée en quelques semaines seulement. À l’échelle d’un État comme le Texas, où la population augmente rapidement et où la demande en logements explose, cette rapidité constitue un avantage considérable.
La mobilité avant la durabilité
La culture du logement aux États-Unis repose sur une logique de mobilité. Contrairement à de nombreux pays d’Afrique ou d’Europe, les Américains changent fréquemment de résidence au cours de leur vie. Dans cette dynamique, les maisons ne sont pas perçues comme des héritages multigénérationnels, mais comme des biens temporaires, parfois revendus quelques années après leur acquisition. Construire en bois, c’est répondre à cette logique de souplesse et d’adaptabilité.
Un urbanisme façonné par les assurances
L’assurance habitation est très développée aux États-Unis. En cas d’incendie, les dommages sont en grande partie pris en charge par les compagnies d’assurance. Ce système atténue la perception du risque pour les particuliers. Ainsi, même si les maisons sont plus vulnérables aux flammes, leur remplacement est généralement couvert, ce qui limite la peur de la perte totale.
Le poids des réglementations locales
Dans de nombreux comtés texans, les réglementations en matière de construction sont moins strictes que dans d’autres pays. Les normes de sécurité incendie existent, mais elles laissent souvent place à des compromis pour des raisons économiques. Le lobbying de l’industrie du bois joue également un rôle non négligeable dans le maintien de ces politiques permissives.
Des conséquences de plus en plus visibles
Pourtant, le réchauffement climatique et la fréquence accrue des feux de brousse mettent cette stratégie en péril. En 2023, les États-Unis ont enregistré des pertes humaines et matérielles record à cause des incendies. Les maisons en bois, souvent situées à proximité de zones forestières, sont devenues les premières victimes de ces flammes incontrôlables.
Vers un changement de paradigme ?
Certains États commencent à repenser leurs modèles. Des solutions alternatives émergent : bois traité, matériaux composites, mix de bois et béton, voire impression 3D en béton pour les zones à risque élevé. Mais pour l’heure, au Texas, la tradition l’emporte encore sur la prudence.
Conclusion : une équation entre coût, culture et climat
La persistance de la construction en bois dans une Amérique qui brûle symbolise un paradoxe profondément enraciné. Si les logiques économiques et culturelles restent dominantes, le changement climatique pourrait bien forcer, à terme, une révision des pratiques. Une question cruciale pour l’avenir d’un pays où le rêve américain se construit… parfois sur du bois prêt à s’embraser.
Paule Kadja TRAORE
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