Education : A la rencontre de ces adolescents qui ont très tôt quitté l’école

Aujourd’hui, de nombreux jeunes adolescents squattent les rues de la banlieue dakaroise. Certains sont mendiants et d’autres préfèrent déjà s’adonner au petit commerce pour s’en sortir. Le quotidien Le Mandat a cherché à savoir ce phénomène des enfants qui ont préféré la rue à l’école.

Au milieu de la fumée des véhicules, des cris des marchands ambulants et de la poussière qui empêche même de voir net, Rockaya Ndiaye se bat pour écouler sa marchandise : de l’eau en sachet. Cette fillette de 12 ans fait désormais partie du décor des rues et du grand rond-point de Thiaroye (banlieue de Dakar). Elle s’adonne au petit commerce pour gagner sa vie alors que sa place serait à l’école. Pour un enfant de son âge, surtout. « J’ai abandonné l’école par ce que je n’aimais pas les études’’, fait-elle savoir entre les coups de klaxon des véhicules. Rockaya n’a pas été aidée par ses parents, d’après ses dires. Ils ne l’ont ‘’jamais contrainte ni encouragée à faire des études poussées’’. ‘’Parce que depuis que j’ai décidé de ne plus remettre les pieds à l’école, ils ne m’ont pas forcée à y repartir », souligne-t-elle. La jeune fille a ainsi abandonné les études dès la première année de l’école primaire, c’est-à-dire qu’elle n’est pas allée plus loin que le niveau de la classe du Cours d’Initiation (C.I).

Le constat est général, surtout dans la banlieue, beaucoup de parents n’encouragent pas leurs enfants à demeurer longtemps dans les classes pour être instruits. L’adolescente rencontrée sur l’autoroute de Thiaroye en train de courir entre les véhicules pour vendre des sachets d’eau aux passants en est la parfaite illustration. Elle affirme que c’est ça mère qui lui a demandé de devenir vendeuse. « Depuis que j’ai quitté l’école, ma mère ne m’a rien dit. Après avoir abandonné les études, elle m’a demandé d’aller faire le petit commerce comme toutes mes amies qui ne sont pas à l’école. Tout ce je vends durant la journée, je le donne à ma mère », raconte-elle.

‘’Mes parents pensent que l’école dénature l’enfant’’

Nous sommes au 21e siècle mais, malheureusement, il existe toujours, au Sénégal, précisément dans la banlieue dakaroise, des enfants qui ne n’ont jamais fréquenté l’école française, notamment. Aliou Touré en fait partie. « Je n’ai jamais fait les bancs. C’est-à-dire que mes parents ne m’ont pas jamais inscrit à l’école. Ils m’avaient mis au ‘daara’ (école coranique) et quelques années après, j’ai dû quitter », confie ce jeune garçon de 11 ans. Aujourd’hui, le petit Aliou est vendeur des sachets d’arachides et de dattes. « Je préfère vendre des trucs et gagner un peu d’argent que d’aller perdre mon temps à l’école qui ne me servira à rien », pense-t-il. C’est très souvent autour rond point de Thiaroye qu’il exerce son activité pour pouvoir joindre les deux bouts.

Mais Aliou Touré a eu cette chance que d’autres enfants n’ont jamais eue. Ces enfants qui n’ont ni fait l’école coranique ni l’école française. Ce jeune vendeur d’arachides a été envoyé au ‘’Daara’’ plutôt que dans l’école classique. Il confirme que ses parents n’aiment pas l’école française. ‘’Ils estiment qu’elle dénature les enfants’’, révèle-t-il. Ses parents lui ont inculqué cette idée et, aujourd’hui, il déteste les études.

Si certains paters ne veulent pas que leurs enfants fréquentent les écoles françaises, d’autres sont contraints d’envoyer leurs enfants dans les rues par manque de moyen. « Je pense que l’une des principales causes de l’abandon des études est due à l’extrême pauvreté. Car certains parents n’arrivent pas à envoyer leurs enfants à l’école parce qu’ils n’ont pas de sous pour financer les études de leurs enfants », justifie Aïssata Sy. ‘’Comment une mère de famille, qui a par exemple six enfants et qui n’arrive pas à joindre les deux bouts, puisse participer à l’éducation, aux besoins de ses enfants ?’’, se demande-t-elle. Cette dame, la quarantaine bien sonnée, explique le phénomène par les contraintes de la vie : ‘’Dès lors, elle est dans l’obligation de les envoyer dans les rues, pour avoir quoi les nourrir car c’est son seul souci’’. Au Sénégal, la pauvreté a tendance à justifier toute chose.

LeMandat

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