Droits de l’homme au Niger: Amnesty International dénonce une régression

Selon Ousmane Diallo est chercheur principal sur le Sahel et sur le Sénégal au bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, l’ONG de défense des droits humains a ainsi documenté la répression qui se poursuit, depuis le coup d’Etat militaire du 26 juillet 2023, contre les anciens proches du président Mohamed Bazoum, mais aussi contre ceux qui ont le courage de critiquer l’action des militaires. Interview.

Ousmane Diallo: Les autorités Nigeriennes ont failli à cette promesse-là. Le cadre juridique nigérien est très défaillant. Le Niger est gouverné sans Constitution depuis le 26 juillet 2023. À l’heure actuelle, il n’y a même pas une charte de la transition qui garantit les libertés.

Beaucoup des institutions fondamentales du Niger, comme la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH) qui existaient, ont été dissoutes. Et les organisations l’observatoire national des droits de l’homme et des libertés fondamentales n’ont toujours pas été mises en place.

DW: Les assises nationales qui ont eu lieu le mois dernier à Niamey, ont fixé la durée de la transition avec la dissolution des partis politiques. C’est une régression non?

Ousmane Diallo: Il est important de noter que les partis politique sont été suspendus depuis le 28 juillet 2023. Donc des jours après le coup d’État par un communiqué, et qu’ils n’ont pas été actifs au cours de la transition depuis cette date-là parce que toutes les activités ont été suspendues.

Maintenant. On connaît bien comment se passent les dialogues nationaux issus de ces assises où malheureusement il n’y a pas l’inclusivité que l’on souhaitait. Il n’y a pas de discussions franches.

DW: Au titre des droits humains piétinés, on note l’arrestation et l’emprisonnement des voies critiques à la junte militaire. Exemple, le journaliste Ousmane Toudu, un ancien conseiller en communication du président déchu Mohammed Bazoum qui a été arrêté, tout comme Moussa Tchangari, le célèbre défenseur des droits humains.

Ousmane Diallo: Nous avons envoyé une lettre aux autorités leur présentant notamment nos préoccupations par rapport à la détention arbitrale de Moussa Tchangari qui vient de passer 100 jours de détention il y a quelques jours. On a aussi plaidé le sort d’Ousmane Toudu qui va bientôt approcher de l’an 1 de sa détention et aussi des différentes attentes, notamment les arrestations arbitraires que subissent des ministres comme Ibrahim Yacouba, ainsi que toutes les autres détentions arbitraires qui ont été dénoncée non seulement par la Cour de justice de la Cédéao, mais aussi par le groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire et qui affecte le président Bazoum et son épouse. Malheureusement, nous n’avons pas eu de retour des autorités par rapport à nos préoccupations.

Nous leur avons envoyé des lettres avec un droit de réponse par rapport à nos conclusions par différents canaux. Nous n’avons pas eu de retour et ces lettres ont été envoyées au début du mois de février.

Et même dans le cadre de nos recherches, nous avons sollicité des entretiens avec les autorités du Niger, notamment le ministère de la Justice et le ministère de la Défense. Mais nous n’avons jamais eu de réponse.

Auteur: Eric Topona

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