Dakar-Plateau : Des rues rebaptisées, mais toujours sans nom de femme

Le conseil municipal de Dakar-Plateau a tenu, samedi 13 septembre, une séance solennelle au cours de laquelle plusieurs artères de la commune ont été rebaptisées. L’initiative, adoptée à l’unanimité, vise à rendre hommage à des figures emblématiques de l’histoire et de l’identité sénégalaise.

Cependant, une absence flagrante a été relevée : aucun des nouveaux noms choisis ne célèbre une femme, alors même que le Sénégal regorge de leaders féminins et d’héroïnes qui ont marqué son destin.

Des hommages masculins, des héroïnes oubliées

Si cette décision municipale traduit la volonté de préserver la mémoire nationale et de transmettre aux générations futures l’héritage des grandes figures sénégalaises, elle soulève néanmoins un déséquilibre criant. Les femmes, pourtant actrices majeures de la résistance, de la culture, de l’éducation, de la politique et de la société civile, demeurent invisibles dans la toponymie urbaine.

De l’héroïsme de Aline Sitoé Diatta, figure de la résistance casamançaise contre la colonisation, à l’engagement intellectuel et féministe de Mariama Bâ, auteure du roman culte Une si longue lettre, en passant par des pionnières contemporaines de la politique et de la société civile, les exemples de femmes méritant d’être honorées ne manquent pas.

Un débat qui s’impose

Dans un contexte où le Sénégal se veut modèle en matière de démocratie et d’égalité, l’absence de figures féminines dans cette décision municipale interroge. Car au-delà d’un simple choix de noms de rues, il s’agit d’un message envoyé à la société : qui mérite d’être visible dans l’espace public et transmis à la mémoire collective ?

Cette omission relance ainsi le débat sur la nécessité de promouvoir la reconnaissance des femmes dans les symboles nationaux, qu’il s’agisse de noms de rues, de monuments ou de manuels scolaires.

Pour une mémoire inclusive

Les mouvements féministes, ainsi que de nombreuses voix citoyennes, pourraient voir dans cette décision une occasion manquée de promouvoir une mémoire inclusive et représentative. Dans une ville comme Dakar, où les femmes participent activement au développement économique, culturel et social, leur invisibilité dans l’espace symbolique ne peut que nourrir le sentiment d’injustice.

L’acte posé par le conseil municipal de Dakar-Plateau est certes louable, mais il rappelle avec acuité que la bataille pour l’égalité ne se joue pas seulement dans les institutions politiques ou économiques, mais aussi dans les symboles du quotidien.

Paule Kadja Traore

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