Césarienne au Sénégal : entre nécessité vitale et préjugés tenaces

Environ 15 % des grossesses présentent des complications nécessitant une césarienne pour préserver la vie de la mère et du bébé. « Certaines femmes ne pourront jamais accoucher par voie basse en raison de la morphologie de leur bassin », explique Coumba Thiam Seck, coordonnatrice de la santé de la reproduction à la Direction de la Santé de la Mère et de l’Enfant (DSME). « Si une femme a un bassin trop étroit et que son bébé pèse entre 3 et 3,5 kg, tenter un accouchement naturel mettrait sa vie en danger », ajoute-t-elle. Elle s’exprimait lors d’un atelier de sensibilisation sur les rumeurs, les effets secondaires de la planification familiale et les problématiques de la SRMNIA, organisé pour les membres de l’Association des Journalistes en Santé, Population et Développement (AJSPD), dans le cadre d’un partenariat entre la DSME et l’AJSPD.

Une intervention strictement médicale dans le public

Dans les structures publiques, la césarienne est pratiquée uniquement pour des raisons médicales avérées. « Toute femme opérée dans un hôpital public l’est parce que sa vie ou celle de son enfant est en danger », insiste Mme Seck. Elle reconnaît cependant que des préjugés et tabous persistent autour de cette intervention. Outre les contraintes anatomiques, plusieurs complications justifient une césarienne : hypertension sévère menaçant la mère et le bébé, placenta praevia bloquant la sortie naturelle du bébé, souffrance fœtale aiguë nécessitant une extraction rapide, grossesses gémellaires ou complications du travail rendant l’accouchement vaginal risqué.

 Des obstacles majeurs à l’accès

L’accès à la césarienne reste inégal au Sénégal. Mme Seck pointe plusieurs défis : « Les barrières socioculturelles, comme les croyances négatives et le faible pouvoir de décision des femmes ; l’accessibilité géographique, avec l’éloignement des hôpitaux, des routes impraticables et l’enclavement ; le coût élevé des soins, un frein pour de nombreuses familles ; et le manque d’équipements et de personnel qualifié, comme l’absence de blocs obstétricaux, d’échographies et de médecins spécialisés dans certaines structures. » Elle rappelle que tous les postes de santé ne sont pas équipés pour gérer ces cas, d’où l’importance d’identifier les structures adaptées.

Pour réduire les complications, un suivi médical rigoureux est crucial. « Dès le premier trimestre, la grossesse doit être diagnostiquée et surveillée. Au troisième trimestre, à partir de la 36? semaine, les femmes à risque doivent être référées vers un gynécologue et une structure équipée pour une césarienne », explique Mme Seck. « Une femme qui se fait consulter au poste de santé doit être orientée à temps vers un centre où elle pourra accoucher en toute sécurité », insiste-t-elle.

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