A la Une des journaux de ce vendredi, on retrouve encore une pratique qui désormais n’a rien de nouveau au Sénégal. Mais une pratique qui donne une idée du mal de la presse. Il s’agit de la Une du ‘’journal’’ Le Point. ‘’Abdel Kader Sy, l’expertise consacrée’’, titre le journal avec comme surtitre, « évolution fulgurante des services fiscaux de Guédiawaye ». Cette ‘’information’’ occupe presque toute la Une du journal, en dehors de l’oreille droite. Ce choix est donc censé traduire toute l’importance de cette nouvelle.
Mais rien que sur la forme, on peut se donner une idée de la rigueur du ‘’quotidien’’. Alors que la Une est consacrée à Abdel Kader Sy, le ‘’journal’’ met la photo du ministre des Finances, Cheikh Diba et la photo de Sy est totalement absente de la Une.
Dans le fond, c’est ce genre de pratique qui donne raison au ministre de la communication Alioune Sall, dans sa volonté d’assainir la presse. En effet, cette ‘’Une’’ n’a rien de journalistique. Comment un journal sérieux peut consacrer sa Une à un inconnu, sous prétexte que les services fiscaux ont connu une évolution fulgurante sous sa direction ? Cette Une sent la commande à mille lieux.
Malheureusement, ce n’est pas une première. Le Sénégal a une catégorie de ‘’journaux’’ qu’il est plus judicieux d’appeler affiche. Ils n’ont que la ‘’Une’’, rien de plus. Et très souvent, il s’agit de supports publicitaires à l’image des panneaux. A la différence que les panneaux sont identifiés pour ce qu’ils sont.
Beaucoup de ces supports sont nés à la veille de la présidentielle de 2024. On espérait les voir disparaître après le scrutin, mais apparemment ils font de la résistance. Il est vrai que ces affiches n’ont rien à perdre. Ils peuvent paraître à chaque fois qu’ils ont un client et s’éclipser quand le carnet de commande est vide ou alors cibler une personnalité pour faire un appel du pied.
Le problème est que cette pratique nuit gravement à l’image de la presse, alors qu’elle est le fait de gens qui n’ont rien à faire dans le journalisme. Pour dire clairement les choses, ce sont des usurpateurs. Malheureusement, dans toutes les professions intellectuelles, il y a le délit d’usurpation et d’exercice illégal, sauf en journalisme.
Même si la méthode d’assainissement de la presse adoptée par le ministère de la communication n’est pas des meilleures avec un défaut de dialogue entre la tutelle et le patronat, il n’en demeure pas moins que l’initiative mérite d’être poursuivie et même accélérée, avec bien sûr des corrections.
Et au finish, il ne doit pas être question uniquement de médias reconnus et qui bénéficient de l’aide de l’État et de médias non reconnus exclus de tout appui public. En vérité, certains supports doivent cesser. L’État doit prendre ses responsabilités pour que l’usurpation ne soit plus possible. Seuls les médias dignes de ce nom doivent diffuser. Et il faut s’entendre sur le minimum pour avoir le titre de média. Mais pour cela, il faut que le ministère soit plus ouvert et que le patronat de la presse soit moins dans la défiance.
Quant à Abdou Kader Ly, si c’est lui qui a commandité cette ‘’Une’’, c’est qu’il n’a pas tiré les leçons de la gouvernance de Macky Sall. Par conséquent, ces patrons du ministère des finances ont intérêt à le surveiller.
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