Le traitement des brûlures graves au Sénégal s’apprête à connaître une évolution considérable. Longtemps limité par des infrastructures insuffisantes et un accès restreint aux soins spécialisés, il s’ouvre aujourd’hui à une nouvelle ère avec la construction du Centre des Grands Brûlés de l’Hôpital Principal de Dakar. Ce projet de la Fondation Senelec, d’un coût total de 15 milliards de FCFA, ambitionne de doter le pays d’un pôle de référence en Afrique de l’Ouest, capable d’accueillir les cas les plus critiques et de réduire la nécessité d’évacuations sanitaires vers l’étranger. La séance de présentation s’est déroulée ce mardi 25 mars sous la présidence de Birame Souleye Diop, ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines.
Le médecin colonel Mouhamadou Mansour Fall, chef de service de la réanimation chirurgicale et de l’unité des brûlés de l’Hôpital Principal, a rappelé l’urgence de disposer d’une structure adaptée : «?Ce projet est né d’un besoin, d’un besoin crucial, parce qu’avec un vécu difficile des accidents et des traumatisés victimes de brûlures dans ce pays […], on est arrivé à un stade où on a plafonné. Ils nous font ce projet qui va augmenter la capacité d’admission?». Actuellement, le service des brûlés de l’hôpital ne dispose que de trois lits. Une situation jugée insuffisante face aux 25 000 brûlés enregistrés chaque année au Sénégal, dont 10 000 nécessitent des soins avancés et 1 000 doivent être admis en réanimation.
Avec ce futur centre, la capacité passera à 40 lits, répartis entre 20 lits de réanimation et 20 de chirurgie plastique. Un service de rééducation sera également intégré pour assurer un suivi complet des patients : «?Ce centre comportera un service de rééducation qui prendra à chaque patient précocement pendant la phase de réanimation et ultérieurement après […] l’hospitalisation de réanimation?».
L’un des impacts majeurs de cette infrastructure réside dans la réduction des évacuations sanitaires vers l’étranger. Le colonel Mouhamadou Fall a mis en avant les coûts exorbitants qu’elles représentent : «?Dites-vous bien qu’une journée d’hospitalisation en Europe varie entre 2 000 à 3 000 euros. Dans le Maghreb, entre 1 000 à 1 500 euros. Je ne parle pas des modalités de transfert sanitaire qui sont très souvent problématiques et très aléatoires ». La mise en place de ce centre permettra non seulement de soigner les patients localement, mais aussi d’accueillir les brûlés graves de la sous-région. Une donne qui pourrait consolider la place du Sénégal en tant que pôle médical de référence en Afrique de l’Ouest.
L’engagement des autorités et des partenaires privés a été déterminant pour la concrétisation de ce projet. La fondation Senelec joue un rôle clé dans le financement, comme l’a indiqué son administrateur général, Bassirou Sylla : «?Une levée de fonds a démarré ce mardi 25 mars afin de mobiliser 8 milliards de FCFA?». Une partie du financement provient de la valorisation des produits carbone issus des centrales de la Senelec.
L’État, de son côté, affirme son engagement total. Birame Soulèye Diop, ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, a réitéré la priorité accordée au projet et annoncé que la pose de la première pierre interviendra dès le mois de mai : «?Le centre sera livré dans un délai raisonnable?».
Comme l’a rappelé l’administrateur général de la fondation Senelec, ce projet nécessite encore un effort financier considérable de la part des bonnes volontés pour réussir à réunir la somme de 8 milliards de Fcfa. Un objectif que le gouvernement que le gouvernement compte appuyer grâce à des mesures d’allègement.
« Pour ceux qui vont participer au financement de ce projet à partir de la fondation Senelec, je pense qu’il nous faudra travailler avec le ministère des finances et informer l’autorité pour que toutes les contributions qui seront données dans le cadre de ce projet puissent être considérés comme dons faits à des fondations d’utilité publique puissent être exonérés », a-t-il expliqué.
Avec cette infrastructure, l’Hôpital Principal de Dakar ambitionne d’atteindre le niveau 4 des normes de l’ONU en matière de soins spécialisés. Au-delà de l’amélioration des capacités de prise en charge, ce projet représente un bond en avant dans la modernisation du système hospitalier sénégalais et pourrait contribuer à réduire considérablement le taux de mortalité hospitalière des brûlés graves, actuellement situé entre 27 et 45 %.
Le colonel Mouhamadou Mansour Fall espère que ce centre permettra d’aligner le Sénégal sur les standards internationaux : «?Avec, l’avènement de ce centre, on pourra arriver à un taux de mortalité inférieur à 5 %?». Un espoir partagé par de nombreux professionnels de la santé, convaincus que cette structure sauvera de nombreuses vies.
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