AUDIT SOCIAL DU SECTEUR DE L’EAU : Les acteurs harmonisent leurs outils
Au Sénégal, malgré quelques progrès dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, les mécanismes de redevabilité sont peu transparents, participatifs et inclusifs pour assurer la redevabilité du gouvernement et des partenaires techniques et financiers, conformément à leurs engagements sur l’ODD 6. Parmi les obstacles au bon fonctionnement et à l’efficacité des mécanismes de redevabilité sont cités, le faible niveau de décentralisation et de participation des organisations de la société civile et des citoyens ainsi que le manque de suivi des résultats et recommandations. Ceci dans un contexte où les engagements du gouvernement dans le secteur de l’eau et de l’assainissement demeurent un sujet de débat souvent limité au niveau national, et ne sont pas mis en œuvre ni contrôlés au niveau local.
Pour changer la donne, l’engagement et le renforcement de la société civile pour une meilleure participation des citoyens aux dialogues et au suivi pour plus de transparence dans la gestion des ressources publiques dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, sont devenus l’enjeu majeur. C’est cette dynamique qu’un atelier d’harmonisation et de programmation des activités de comités d’audit social dans les communes de Dalifort, Grand dakar, Médina Gounass et Rufisque ouest. Financé par l’union européenne à travers les fonds européens de développements, ce projet intitulé «Promotion du contrôle citoyen et du droit à l’eau et à l’assainissement» est mis en œuvre par le Consortium Cospel et l’Ong Paedd (panafricaine pour l’éducation et le développement durable). Après une première phase consacrée sur le droit à l’eau et à l’assainissement, sur la gouvernance du secteur, la redevabilité et la méthodologie d’audit social, et la mise en place des comités d’audit. Dans la deuxième phase, entamée ce lundi, va permettre aux participants de s’initier à la réalisation de la carte des performances avec les communautés. Elle consiste à : faire un diagnostic de la situation du secteur de l’Eau Potable et de l’Assainissement (Epa) dans les 4 communes ; Déterminer et analyser la perception de la population des différents aspects de la gouvernance du secteur de l’Epa : disponibilité ; accessibilité, qualité ; participation, responsabilisation, Transparence ; Iden ; Identifier le vécu des usagers des services d’Epa qui sont fournis. Et à élaborer une proposition de plan d’actions. Selon Seydou Ndiaye, le coordonnateur du projet Paedd, l’atelier de programmation des activités et d’harmonisation sur la méthodologie et sur les outils qui seront utilisés pour réaliser l’audit social dans chaque commune. «Les populations doivent être au cœur des décisions prises sur la gestion, notamment sur la qualité, le prix et l’accessibilité» déclare le coordonnateur du Paedd.
Toutefois, il est important de noter que : depuis que les Objectifs de Développement Durable (Odd) ont été adoptés, le rythme des progrès ne permet pas d’atteindre l’Odd 6 :«Garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de façon durable d’ici 2030». Les tendances sont mêmes à la baisse dans au moins 20 pays. Selon le rapport 2017 de l’Oms/Unicef, 2,1 milliards de personnes, soit 30 % de la population mondiale, n’ont toujours pas accès à des services d’alimentation domestique en eau potable, et 4,5 milliards de personnes (60 %) ne disposent pas de services d’assainissement gérés en toute sécurité.
Paule Kadja TRAORE