PETITS COMMERCES, GRANDS RENDEMENTS : Les bonnes affaires des marchands ambulants

La promotion pendant le ramadan ne se limite pas simplement aux récompenses au double des bonnes pratiques. Dans les marchés et points de convergence, le décor  est campé par quelques produits qui riment bien avec le ramadan. Petits commerces, grands rendement  chez certains vendeurs  qui  se frottent déjà les mains, malgré la pandémie.

Le Sénégal entame un second ramadan sous la pandémie qui a fini de mettre à plat-ventre tous les petits commerces. Le mois de ramadan se pointe comme la barre rigide du levier qui relance les activités des petits vendeurs. Chapelets, dattes, cure-dents, entres autres sont plus prisés par les marchants ambulants et vendeurs à la sauvette qui  squattent les embouteillages. Les petits commerces au niveau des marchés et artères  renseignent sur le mois béni. Il n’est point besoin de demander. Chaque période  fait appel à  des articles prioritaires. Et ça,  les vendeurs qui suivent les saisons le maitrisent  bien. En ce mois, l’on se rend compte de la présence forte de certains produits sur le marché. Même si cela se voyait avant, ces produits ne se vendaient  pas pour autant pendant le mois de ramadan. Chapelets, dattes, cure-dents, entres autres, sont très convoités par les musulmans. Loin des grossistes, les petits détaillants de proximité font les grands rendements.  C’est à la limite une promotion au double.

Au nom du  ‘’wird’’ les chapelets se vendent comme de petits pains

Pratiquement tout le monde se met au ‘’wird’’ pendant le mois de ramadan.  Il fait exactement 12h, le soleil agresse en plein cuir chevelu. Cette canicule,  qui marque la transition, accompagne mal les jeuneurs qui vont et viennent, vaquant ainsi à leurs préoccupations. Nous sommes aux Parcelles assainies, précisément á l’unité 17. A l’angle du terminus des Parcelles, des chapelets, dans toute leur diversité artistique, superposés harmonieusement, tapent dans l’œil de tout passant.   Plus prêt,  à l’ombre d’un arbre, cet originaire du Fouta (Agnam Thiodaye) est en plein travail. Assis sur une petite natte, le bonnet façonné avec du pagne tissé, Mamoudou est occupé  à lier une perle  à une autre pour en faire un chapelet.  Ici, les bourses  vont de 50 000 à 15 00 F CFA, ou plus. Cette place ne désemplit pas, l’affluence des clients est notoire. Certains, attirés par le charme des chapelets, se rapprochent pour découvrir les prix. D’autres viennent pour réparer un chapelet usé ou dont certaines perles manquent. Depuis 12 ans, il vend des chapelets. Jadis marchand ambulant, il a  fini  par occuper cette place où nous l’avons trouvé. ‘’Le commerce des chapelets est très rentable. Surtout en ce mois béni de ramadan. Les clients font beaucoup de wird durant  ce mois, et cela m’arrange en tant que vendeur’’, se réjouit-il. De son avis, Mamoudou estime qu’il y a même ‘’certaines personnes qui viennent acheter des chapelets juste pour le mois de ramadan’’. ‘’En tout cas, ça fait mon affaire car je sens une augmentation notoire de mon chiffre d’affaires journalier, et on en est qu’au premier jour pour certains, espérons que cela se poursuive durant tout le mois béni’’, prie le jeune vendeur. Non sans préciser que la pandémie a failli  être une source de  découragement. ‘’Les priorités étaient sans doute ailleurs’’, dit-il.

Les dattes, pour rompre le jeûn

Le commerce des chapelets n’est pas le seul à être béni en ce mois. Autres vendeurs, autres produits, autres rendements. La datte est consommée en temps normal, mais en grande quantité  en période de ramadan. La tradition des dattes remonte du temps du prophète Mohamed (Psl). C’est l’aliment avec lequel les musulmans, qui ont observé le jeûn, font la rupture. C’est pourquoi beaucoup de jeunes s’adonnent à la vente de dattes pour se faire de l’argent. Il est jeune de par son âge (21 ans),  mais très astucieux sur comment se faire de l’argent. Ibnou Cissé, il faut le nommer, vend des dattes temporairement, à l’occasion du ramadan. A la fin de ce mois, il retourne vers son activité de vente d’habits. ‘’Un bon marchand ambulant doit pouvoir détecter  la marchandise qui es prisée à chaque période’’, renseigne-t-il. C’est au marché 17 des Parcelles assainies,  en plein  trottoir, qu’il a installé  son charriot. Non sans guetter l’arrivée des agents de la mairie pour une éventuelle course poursuite. ‘’Cet endroit n’est pas autorisé, sans doute à cause de la maladie de coronavirus, mais il faut  gagner sa vie, et le ramadan  est une belle occasion pour écouler ses  dattes’’, dit-il. Conscient que les grands commerçants dominent le marché, Balla s’installe juste à l’entrée  pour s’emparer de certains clients. Sa marchandise est tablée sur un ‘’pousse-pousse’’ (charriot) qui constitue en même temps un moyen de transport. Visage un peu crispé, il semble fatigué ou secoué par le jeûn. Sa timidité se remarque automatiquement mais,  il n’empêche qu’il se donne à cœur ouvert : ‘’Depuis 4 ans, à chaque mois de ramadan, je vends des dattes’’. Pour dire,  Ce n’est pas son activité principale, mais temporaire.  ‘’En cette période, les dattes rapportent beaucoup d’argent. C’est pourquoi j’en profite pour me faire quelques sous. J’achète de la bonne marchandise (dattes) pour que mes clients me soient fidèles. Actuellement, je rentre chez avec suffisamment d’argent le soir, car les clients ne font pas défaut’’, dit-il. Il ajoute : ‘’Chaque année, j’achète une bonne quantité mais avant la fin du mois, je finis  par tout écouler’’. Néanmoins, il se désole de la rareté de la marchandise. ‘’La pandémie a fait que les dattes ne sont pas faciles à trouver, la  réduction des déplacements de certains pays est en cause’’, explique-t-il.

Les cure-dents, pour tromper la faim

Un vaste espace sablonneux sépare le marché  de la célèbre église des Parcelles assainies. Derrière le lieu de culte, des hommes et femmes vendent des objets de tout genre, par terre. Malgré le pavage, le vent arrive à soulever la poussière. Sous le soleil chaud, Amadou Diallo étale ses cure-dents sur les pavés. Il les façonne avec amour. Peu importe, la ‘’variété’’  de ‘’bois’’, Amadou les taille à la convenance du client. Cure-dent á la bouche, il est très heureux dans son travail. Vêtu d’un tee-shirt rouge, il se protège du soleil avec  un  bonnet gris bien  serré sur la tête. La quarantaine révolue, barbe plus ou moins arrangée, il déclare : ‘’Personnellement, je vends des cure-dents depuis longtemps mais je remarque que, pendant le mois de ramadan, les gens utilisent plus encore le produit. Ça marche comme on le souhaite. On rend grâce à Dieu’’. Sur un sac, les cure-dents sont disposés de sorte que le client se retrouve dans son choix. Les clients traversent et déposent des pièces de 25, 50 F CFA,  et dès fois, ils en achètent beaucoup. Ce qui fait le bonheur d’Amadou Diallo. ‘’J’ai de très bons clients et le mois de ramadan promet. Car les gens se brossent les dents à Longueur de journée avec les cure-dents. Ça marche très bien pour nous’’, se réjouit-il. A côté de lui, Bocar Sow, de son avis, ‘’la bénédiction du mois de ramadan est multidimensionnelle. Voyez par vous-même, j’ai un carton rempli de cure-dents. Je déambulais dans les rues pour vendre. Mais avec le début du mois, je reste sur place et je suis sûr de bien vendre.  C’est le mois de la promotion. Alhamdoulilah !’’ …

lemandat

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