Les descendants du roi Salomon et de la reine de Saba

L’indépendance et la fierté du peuple éthiopien sont reconnues à travers le monde. Berceau de l’humanité, marqué par de grandes figures de l’histoire, l’Éthiopie est une référence en matière de diversité ethnique, mais surtout de conservation des traditions culturelles. Ce cocktail de rites et de folklore fait resplendir le pays au-delà de ses frontières, grâce à la cohabitation harmonieuse de ses peuples à travers les âges.

Avec plus de 80 groupes ethniques recensés sur son territoire et presque autant de dialectes, l’Éthiopie, ce pays aux mille et une facettes possède une diversité hors du commun. En effet, chacun des groupes ethniques présents sur son territoire possède des coutumes et une langue uniques. Les multiples ethnies de l’Éthiopie sont composées de trois groupes majoritaires.

Le groupe des Oromo, qui représente la majorité de la population actuelle, est composé des ethnies Arsi, Gabbra, Garreth, Macha, Orma, Rendille, Tulama, Wallega, Wallo, Yejju et se retrouve dans les régions d’Oromia et d’Amhara. Les Amhara sont installés dans la région d’Amhara et les Tigréens, culturellement très proches des Amhara, résident dans la région de Tigré. Viennent ensuite les Sidama, Somali, Afar et Guragé. Le restant de la population est composé de dizaines de micropeuples, dont certains, menacés d’extinction, ne rassemblent plus aujourd’hui que quelques milliers d’individus, tels les Karo et les célèbres Mursis.

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Livre religieux en guèze Ⓒ http://www.wikiwand.com

L’Éthiopie est surnommée le « paradis des linguistes » du fait de la mosaïque de langages qui y sont répertoriés. En effet, plus de 90 langues ont été recensées sur le territoire et catégorisées en groupes distincts. Le pays ayant subi de fortes influences sémitiques, la plupart des langues et multiples dialectes parlés sur le territoire appartiennent à l’une de ces trois branches de la famille afro-asiatique : sémitique, couchitique et omotique.

Groupe sémitique : la langue éthiopienne classique, le guèze, est une langue très ancienne purement sémitique, voisine de l’arabe, de l’hébreu et de l’araméen. Elle est considérée comme une langue morte depuis une période oscillant entre le 12e et le 13e siècle, mais a continué à être employée comme langue savante et littéraire jusqu’au XIXe siècle. Encore aujourd’hui, c’est la langue liturgique de l’Église éthiopienne. Le tigrinya, parlé dans le nord du pays et en Érythrée, est la langue sémitique la plus pure, tandis que l’amharique, qui s’est imposé comme langue officielle, est fortement teinté de couchitique. Il en est de même pour les idiomes guragé et harari, enclaves sémitiques en pays oromo, qui ont assimilé au fil du temps nombre de traits couchitiques.

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Femmes à labrets mursi Ⓒ http://www.courrierdesafriques.net

Groupe couchitique : l’oromifa, qui utilise l’alphabet romain, est la langue couchitique dominante. Outre les Oromo, les Afar, les Sidamo et les Somali représentent les groupes couchitiques les plus larges. Les Borana, les Konso, les Dassanetch et les Hamer, dans le sud, mais aussi les Agaw, isolés au nord, en pays sémitique, se rattachent à ce groupe linguistique.

Groupe omotique : affiliées au groupe couchitique, les langues omotiques, probablement répandues sur un plus vaste territoire avant l’expansion oromo, se concentrent aujourd’hui le long de la vallée de l’Omo. Elles regroupent une multitude de patois et de dialectes, parmi lesquels le bana, l’ari ou le karo.

Les groupes des Anuak, Nuer, Surma, principalement concentrés le long de la frontière soudanaise, parlent quant à eux des langues nilotiques qui se rattachent à l’ensemble linguistique nilo-saharien. L’Éthiopie est le seul pays africain disposant d’un alphabet propre, l’amharique moderne. Inspirée de l’alphabet arabique, qui notait seulement les consonnes sans les voyelles, l’écriture éthiopienne s’est mutée pour devenir un syllabaire.

La pluralité ethnique et linguistique éthiopienne se dévoile également dans les traditions de son peuple qui comptent parmi les plus folkloriques d’Afrique. Les us et coutumes des ethnies des hautes terres ont été l’objet de la curiosité de nombreux ethnologues et étonnent encore aujourd’hui par leur originalité.

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Parure d’oreilles chez les Mursis Ⓒ https://hiveminer.com

La singularité s’exprime surtout avec la célèbre tradition des femmes Mursi qui sont connues pour les labrets en bois ou en argile qu’elles insèrent dans leurs lèvres inférieures ou dans leurs oreilles fendues en conséquence. Il s’agit d’un critère de beauté, qui selon la taille du diamètre, définira le montant de la dot octroyée à la femme lors de son mariage. Les tenues traditionnelles sont fonction du climat de la zone où résident les différentes ethnies. Dans les hauts plateaux où les températures peuvent être rudes, les peuples seront plutôt vêtus de longues capes de tissus et de couvertures bariolées en laine épaisse, afin de faire face aux nuits froides. Dans la chaleur aride et hostile des territoires situés aux environs de la dépression du Danakil, les tenues seront plus légères, en coton, et arborées par les femmes comme par les hommes. Mais la tenue traditionnelle nationale reste un atour de fête porté lors de grandes occasions. D’une blancheur immaculée et savamment tissée, les femmes l’agrémentent de châles richement brodés et tissés aux extrémités.

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Coiffure d’une jeune fille de l’ethnie Amhara Ⓒ https://www.pinterest.com

La coiffure est également un atout esthétique important aux yeux des Éthiopiens, et ce depuis des siècles. Les femmes des tribus Amhara et Tigré se tressent les cheveux en étroites tresses appelées sheruba, qui leur retombent dans le dos. Les femmes d’Harar quant à elles tracent une raie au milieu de leur chevelure et nouent un chignon derrière chacune de leurs oreilles. Les hommes des tribus Hamer, Galeb, Bume et Karo portent un épi tressé au milieu de la tête et fixé avec de l’argile. Les femmes Arsi arborent des franges et des cheveux coupés court, tandis que les filles Bales se parent de la même coiffure, mais la recouvrent d’un foulard noir. Les jeunes enfants quant à eux se font souvent raser la tête.

L’Éthiopie ayant été une nation indépendante durant toute son histoire, elle n’a pas subi d’invasions ni de tentatives d’extinction de ses rites traditionnels de la part de colons.

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