GUINÉE : Amnesty International signale des disparitions forcées et arrestations d’opposants avant un scrutin contesté

Des rafles aveugles opérées dans des quartiers contestataires de Conakry, des jeunes disparus depuis leur arrestation, des opposants membres du FNDC arbitrairement arrêtés, parfois torturés et les télécommunications et internet menacés de coupures à court terme. Telle est la situation chargée de menace d’instabilité sociopolitique décriée samedi par Amnesty International.

Les autorités guinéennes doivent immédiatement libérer toutes les personnes arbitrairement détenues et arrêter les rafles à l’aveugle opérées dans des quartiers de la capitale réputés contestataires, a déclaré samedi dans un communiqué Amnesty International à la veille des élections législatives et d’un référendum contesté sur une nouvelle constitution prévus dimanche 22 mars.

Des jeunes de la capitale Conakry dont le nombre pourrait atteindre 40 ont été arbitrairement arrêtés ces dernières semaines puis conduits en détention dans un camp militaire. Ils ont disparu depuis, poursuit l’organisation non gouvernementale de défense des droits de l’Homme.

Elle signale en outre que d’autres arrestations ont visé dans les régions de Nzérékoré (sud-est) et de Kindia (nord-est) des personnes publiquement engagées dans la lutte contre le référendum constitutionnel, à travers le Front national pour la défense de la constitution (FNDC).

«La Guinée s’engage ce week-end dans des élections législatives et un référendum contesté par une partie de la population dans un contexte de répression systématique des opposants au projet de révision constitutionnel» a déclaré Fabien Offner, chercheur au bureau d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.

«Rien ne saurait justifier les atteintes aux droits humains avant, pendant et après ces élections. Toutes les personnes arbitrairement arrêtées doivent être libérées immédiatement et sans condition, les droits à la vie et à l’intégrité physique doivent être protégés» a-t-il ajouté.

Amnesty International demande aux autorités guinéennes de libérer tous les membres du FNDC arbitrairement arrêtés et d’ouvrir une enquête sur les allégations de torture que certains d’entre eux auraient subie en détention.

Dans le contexte d’un référendum contesté susceptible de permettre à l’actuel président de se présenter pour un troisième mandat, l’organisation est par ailleurs préoccupée par les menaces qui pèsent sur l’accès à internet et aux télécommunications. Des perturbations du réseau internet ont d’ailleurs été constatées le 20 mars dans la soirée.

La Guinéenne de Large Bande (GUILAB) – opérateur d’infrastructures de télécommunication détenu majoritairement par l’Etat – avait annoncé que les appels internationaux et internet seraient coupés la veille et la matinée du vote en raison de «travaux», avant d’annoncer un report de la coupure, selon un communiqué de la structure. GUILAB doit s’assurer qu’aucune coupure n’interviendra à quelconque étape déterminante des élections législatives et du référendum.

«Les autorités doivent garantir l’accès aux télécommunications et à internet avant, pendant et après les élections, afin de permettre aux populations d’exercer leur droit à la liberté d’expression et à l’accès à l’information,» a déclaré Fabien Offner.

Raymond Apéraw DIATTA

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